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LES CONCLUSIONS DE LA RENCONTRE
ENERGIE
Publié dans Liberté le 09 - 03 - 2011

Le Forum d'Alger organisé par Emergy et Liberté a inauguré sa première session par l'énergie. Nous voulons inaugurer une tradition en organisant chaque année à l'occasion du 24 février une rencontre de haut niveau portant sur l'énergie. Nous savons combien les évolutions de la scène énergétique internationale agissent sur les équilibres de notre économie. Nous avons aussi vocation à être un acteur marquant de cette industrie. Pour ces deux raisons, nous voulons impulser une réflexion de très haut niveau en Algérie sur ces questions, une réflexion caractérisée par la rigueur, le professionnalisme et le caractère innovant des approches et des concepts développés.
Ainsi, serions-nous en accord avec l'esprit du Forum d'Alger qui est voulu comme un espace citoyen dédié à la production de sens, voué à contribuer à éclairer sur les grands enjeux posés par l'insertion de notre pays dans l'environnement hautement compétitif de la mondialisation. Quels challenges se présentent pour l'Algérie, comment appréhender la complexité, l'évolution de plus en plus discontinue, imprévisible du monde ? Quelles opportunités, quelles menaces, quels sont nos facteurs clé de succès ? Toutes ces questions sont impératives, il faut y répondre, d'abord, par une meilleure visibilité sur le changement, une meilleure compréhension des tendances à l'œuvre, des jeux d'acteurs, des possibilités inouïes qu'ouvre le nouveau siècle à l'humanité. Commençons donc par l'énergie et interrogeons-nous : quels sont les traits marquants de la scène énergétique internationale aujourd'hui ? Quelles sont les tendances à long terme ?
1. Dans le contexte d'une économie globale, interconnectée et fortement compétitive, l'industrie pétrolière est marquée par la volatilité des prix et la montée des risques géopolitiques.
L'industrie pétrolière connaît une situation singulière où les prix s'orientent à la hausse alors que le marché est surraprovisionné. Alors même que la reprise de l'économie mondiale reste fragile, la demande en 2010 a progressé de 2.5 Mbj (millions de barils par jours) et l'on pense qu'elle progressera de 1.1 Mbj en 2011. Cependant, les capacités inutilisées de l'OPEC, de l'ordre de 6 Mbj, restent relativement fortes et les stocks détenus par les pays consommateurs à un niveau historiquement élevé de 61 jours de consommation. Les prix du pétrole ont été en moyenne de 80 dollars le baril en 2010, soit une progression de 30% par rapport à l'année précédente. Selon nos estimations, ils devraient se placer à un niveau moyen de 90 dollars en 2011. Comme nous l'avions anticipé, les prix se sont engagés dans un sentier haussier le dernier trimestre 2010, gagnant 14 dollars le baril entre septembre et décembre. Nous avions, par ailleurs, émis de sérieux doutes quant à la vigueur de la reprise de l'économie mondiale, considérant les anticipations du FMI, prévoyant une reprise durable et une croissance de 4% en 2011, exagérément optimistes. Selon notre prévision, la reprise serait en W voire au mieux en U allongé. La réalité, aujourd'hui, est que cette reprise est à fort contenu budgétaire, que les Etats se sont sévèrement endettés pour mener leurs politiques économiques. Nous avions aussi considéré qu'alors que la sphère financière, désormais interconnectée à l'échelle de la planète, a assujetti l'économie réelle, développant et déployant des mécanismes de couverture contre le risque, d'arbitrage et de spéculation totalement opaques, échappant aux Etats, la question de la régulation et, partant, de la gouvernance de l'économie mondiale, était la clé. De fait, la chute du mur de Berlin et la révolution des technologies de l'information et de la communication au début des années quatre-vingt-dix ont créé une réalité qualitativement nouvelle : la globalisation. Désormais, l'économie mondiale n'est plus constituée de la juxtaposition d'économies nationales en interrelations mais d'un espace sans frontières, fortement compétitif, et où se meuvent des acteurs globaux. Le mouvement de fusions-acquisitions du début des années quatre-vingt-dix en a préparé les conditions. Par la suite, le déplacement du centre de gravité de l'économie mondiale vers l'est avec comme nouveaux moteurs la Chine et l'Inde notamment, a rendu possible un nouveau paradigme des relations internationales caractérisé par l'interdépendance, la complexité, l'accélération du changement, désormais de plus en plus discontinu, imprévisible. De fait, nous vivons aujourd'hui la première crise post-mondialisation. Les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix, nous avons connu des cycles de crises tous les dix ans, ces cycles tendent à se raccourcir. Voilà pourquoi nous ne pensons pas que nous n'allons pas quitter la tempête pour un ciel serein. La crise économique mondiale que nous vivons et que les pays occidentaux s'emploient à contenir, ne ressemble en rien à la crise de 1929. Elle est multidimensionnelle et comprend plusieurs forces centrifuges chacune engendrant une dynamique particulière de fragmentation. Finances, gestion des ressources rares, décalages de prospérité, environnement, etc. toutes les questions sont liées et requièrent une solution globale. La seule conviction que nous avons est que cette crise pose la question du mode de gouvernance de l'économie mondiale et, partant, celle du leadership. La Chine est devenue en juillet 2010 la seconde puissance mondiale, il semble certain qu'elle passera en tête en 2030. Elle postule, dès à présent, au leadership mondial et convoite ouvertement les ressources énergétiques vitales à son économie.
La crise politique dans certains pays arabes a surgi dans ce contexte d'incertitude sur les ressources et d'équilibre économique fragile, ce qui en a forcément amplifié l'impact. Mais cette crise n'est-elle pas aussi un impact collatéral de la crise économique mondiale et de la forte concurrence autour des ressources, auquel cas elle n'aurait pas révélé toute son ampleur et son potentiel de diffusion. Beaucoup d'experts pensent que les crises pétrolières sont surtout des crises politiques dans le monde arabe.
En fait, lorsque des monarchies comme Bahrein voire Oman sont la proie de troubles, le marché extrapole forcément et imagine un potentiel de diffusion des crises de plus large échelle avec une remise en cause de l'ordre monarchique séculaire. Tout ceci, combiné à ce qui se passe dans les autres pays arabes, apparaîtrait comme un potentiel renversement d'équilibre dans les pays producteurs d'hydrocarbures du Moyen-Orient, ce qui est en effet une véritable révolution, tenant compte du fait que ces sources sont convoitées aussi par les nouveaux centres de la croissance mondiale que sont la Chine et l'Inde. Le marché pétrolier semble avoir surréagi à la dernière en date de ces crises, la crise libyenne. S'il fallait considérer le poids de ce pays dans la scène pétrolière mondiale, (1.55 Mbj de production sur une demande mondiale de 87 Mbj et 44 Gbls de réserves sur un total mondial de 1 476 Gbls) alors même que les capacités inutilisées de l'OPEC sont de 6 Mbj (ils étaient de 2 Mbj en juillet 2008 lorsque les prix ont atteint le seuil historique de 147 dollars le baril), on ne s'expliquerait pas la fébrilité des marchés. De fait, il faut replacer la réaction du marché pétrolier dans le cadre des tendances à l'œuvre sur la scène énergétique, particulièrement pétrolière internationale. Cette crise a pu accentuer certaines tendances à l'œuvre ainsi que la grande volatilité du marché qui me semble, au final, avoir surréagi à la crise libyenne particulièrement. La situation pétrolière mondiale est assez singulière. Après avoir connu une baisse exceptionnelle en 2009, de 147 dollars à 32 dollars en six mois, les prix se sont relativement raffermis.
Mais l'année 2010 a connu une forte volatilité dans un contexte de sortie de crise encore périlleux. La forte spéculation et le jeu de balancier entre pétrole et dollar, l'un augmente lorsque l'autre descend et inversement, a accentué encore l'instabilité des cours. Cependant, il faut souligner que contrairement à ce que l'on entend parfois, la spéculation ne provoque pas les mouvements haussiers et baissiers, elle les amplifie seulement. Nous avons connu des mouvements haussiers et baissiers violents en 2010, signalant le poids encore fort de la crise économique. En fait, nous connaissons sur le marché pétrolier un conflit entre tendances opposées : (i) une tendance haussière de long terme qui intègre une anticipation d'épuisement et de prééminence de l'OPEC dans les approvisionnements mondiaux. Ainsi la production de l'OPEC devrait passer de 34 Mbj aujourd'hui à 39 Mbj en 2015, sa part dans les réserves mondiales devrait passer de 41% aujourd'hui à 70% en 2030. (ii) des facteurs et tendances baissiers de court terme qui rendent compte de la faiblesse relative de la demande du fait de la crise puis de la fragilité de la reprise à fort contenu budgétaire. Il y a aussi une prime géopolitique qui reflète l'inquiétude sur le potentiel de diffusion des crises dans le pays arabes. Ainsi, le marché est hautement volatil et “psychologique” aujourd'hui, de sorte qu'il est plus aisé de prévoir le long terme que le court terme. Les prix semblent tester le seuil de 120 dollars avec une forte probabilité qu'ils se maintiennent au dessus de 100 dollars quelques semaines. Le risque d'une correction brutale me semble réel dans la mesure où la reprise de l'économie mondiale supporterait difficilement des prix élevés.
Le risque est réel de voir l'économie mondiale rentrer dans un nouveau cycle de récession difficilement contrôlable. Cependant, toutes choses égales par ailleurs, je pense que les prix devraient gagner en moyenne annuelle 10 dollars par rapport à 2010 et se placer à un niveau de 90 dollars.
2. L'industrie gazière se remet de la crise et prend son élan. Restructuration et nouvelle donne.
L'industrie gazière se remet d'une grave crise qui avait eu trois déterminants : (i) la crise économique mondiale qui a provoqué la première baisse de la demande gazière mais aussi électrique depuis 1945, (ii) la révolution technologique des gaz de schistes aux Etats-Unis qui a tari ce débouché, le marché américain a connu un retournement de son équilibre, et tend à être autosuffisant, les gaz non conventionnels représentant 30% de la production nationale, (iii) l'arrivée sur le marché d'importants volumes de gaz provenant de projets GNL achevés, Qatargas II, Sakhalin II, Nigeria, Yemen. 100 Gm3 de GNL, soit le quart de la capacité mondiale, étaient en trop. Ces volumes se sont adressés en priorité aux marchés spot de gaz dont les prix ont été divisés par 3 atteignant 4 dollars le millions de BTV. Tout ceci a mis en difficulté les contrats de long terme dont les prix, indexés sur les prix du pétrole, étaient orientés à la hausse à la suite de ces derniers, se plaçant autour des 12 dollars le million de btu. Aujourd'hui, l'écart entre prix spot et de long terme s'est résorbé de 40%, de même que l'écart entre prix marché européen, tirés à la hausse par l'appréciation du charbon, s'est accentué avec les prix marchés américains tirés à la baisse par l'arrivée des volumes de gaz non conventionnels notamment. La reprise de la demande gazière, entrainée par la reprise économique, s'est faite plus rapidement que prévu. Dans le même temps, les contrats de long terme, qui se sont trouvés menacés par les transactions spot, ont recommencé à être considérés comme un gage irremplaçable de sécurité des approvisionnements gaziers pour les consommateurs. Cependant, beaucoup suggèrent de facturer les transactions dans ces contrats sur la base des cours des marchés spot. Il faut comprendre que la chaîne gazière est plus capitalistique et plus rigide que la chaîne pétrolière qui est très flexible, le produit se stocke et se transporte dans des conditions meilleures. Les transactions de long terme avec clause de “take or pay” présentent pour intérêt de répartir le risque entre producteur et vendeur, le premier prend le risque marché, le second le risque volume. Généraliser les transactions spot, voire la facturation sur ce principe conduit à reporter sur le pays producteur et le risque volume et le risque marché. Il va de soi qu'aucun producteur, dans ce cas, n'investirait pour développer les capacités nécessaires pour satisfaire la demande future. Considérant que l'Europe, qui est dépendante aujourd'hui à 56% des sources extra-communautaires, le sera à 80% en 2030, tout porte à croire que dans ces conditions, elle s'achemine vers un choc gazier (le premier de l'histoire) à cette échéance. Aujourd'hui, la bulle gazière annonce sa résorption vers 2013-2014 mais le marché européen me semble être devenu excessivement compétitif, cela au détriment de ses équilibres à long terme. L'arrivée de nouveaux entrants, essentiellement le Qatar, qui est à présent le premier producteur mondial de GNL et qui dispose de surcapacités créées initialement pour approvisionner le marché américain, complique les jeux d'acteurs et donne aux consommateurs la fausse illusion de l'abondance. Cela les amène à négliger leurs sources traditionnelles comme l'Algérie. Le risque pour l'Europe est que les volumes Qataris, demain, ne s'adressent dans leur quasi-totalité vers les marchés asiatiques de plus en plus voraces en énergies, forcément plus rémunérateurs, et demain mis en demeure de basculer leur mix électrique du charbon vers une énergie propre comme le gaz. Profiter des équilibres gaziers à court terme pour inciter les producteurs à abandonner les contrats à long terme, voire à facturer les transactions sur les prix spots me semble être de courte vue. La solution serait, à notre avis, de construire des partenariats d'intégration croisée entre producteurs et consommateurs où les compagnies nationales comme Sonatrach en partenariat avec Sonelgaz, par exemple, accèderaient à l'aval gazier et à la génération électrique et pourraient vendre des molécules de gaz et des Kwh aux clients finaux européens et capter, ainsi, une partie de l'importante marge aval pendant que les compagnies gazières européennes investiraient dans l'amont et partageraient ainsi le risque avec les producteurs. Voilà qui permettrait de sécuriser les approvisionnements pour les consommateurs et en même temps les débouchés pour les producteurs. Faute de cela, l'Europe risque de tout perdre car les sources gazières sud-méditerranéennes risquent de s'adresser vers des marchés plus lointains, la révolution technologique dans les méthaniers (aujourd'hui de 260 000 m3), le permettra. Les sources sud-méditerranéennes risquent alors d'être intégrées dans des dynamiques de délocalisation industrielle engagées par les pays asiatiques et échapper définitivement à leurs débouchés d'origine, laissant l'Europe dans un face-à-face avec son voisin russe. L'offre gazière reste donc également marquée par une forte incertitude. Si les réserves, de l'ordre de 64 ans contre 42 ans pour le pétrole, sont au même niveau, en équivalence thermique avec les réserves pétrolières, aujourd'hui, la géopolitique gazière tend vers le modèle pétrolier. La révolution des gaz non conventionnels a été, selon nous, exagérément amplifiée par effet médiatique. Peut-être était-ce un moyen d'agir favorablement sur la position de négociation des consommateurs au moment où les ressources sont de plus en plus convoitées. Le gaz est désormais considéré comme une “destination energy”, non plus comme une “bridge energy”. Il est clair que, hormis aux Etats-Unis pour les gaz de schistes et l'Australie pour les “coal bed methane”, il semble difficile de généraliser l'utilisation de ces technologies dans des conditions économiques et sans porter atteinte à l'environnement. De plus, aux Etats-Unis, cette vague commence à connaître un reflux avec la vente d'actifs par les petits indépendants. La baisse des prix n'arrangeant rien.
3. Quels indices nous renseignent sur le long terme ? Quel futur construire ?
Le monde engage sa transition énergétique depuis un modèle fossile (80% du bilan énergétique mondial) vers un modèle non carboné, non fossile. On pense que vers 2050 les énergies fossiles ne représenteraient que 50% de la demande mondiale. Les énergies renouvelables qui représentent aujourd'hui 14% de la demande mondiale devraient voir leur part se renforcer. Le scénario 450 ppm de l'AIE prévoit de porter la part des énergies renouvelables vers 20% en 2030 et 40% du mix électrique. Nous considérons cette anticipation irréaliste et prévoyant qu'une part significative de la demande sera plutôt satisfaite par le gaz naturel, ce qui va accentuer la lutte pour le contrôle des ressources gazières. Les ressources pétrolières sont limitées. Lors des débats du Forum d'Alger, la question du peak oil est revenue souvent sans qu'un consensus n'apparaisse. La réalité est têtue. Sur les 2 700 Gbls de réserves en place, à la naissance de l'industrie pétrolière depuis le premier forage à Titusville dans l'Oklahoma par le fameux colonel Drake en 1856, il n'en reste aujourd'hui que 1 476 Gbls, soit la moitié. Aujourd'hui, nous consommons 6 barils de pétrole lorsque nous n'en découvrons qu'un seul. Depuis vingt ans, plus aucun gisement géant conventionnel n'est découvert. Le taux de déclin annuel des réserves est estimé à 8% l'an alors que les plus grands gisements du monde sont eux-mêmes en déclin : Ghawar en Arabie Saoudite (opéré depuis 1948), Burgan au Koweït (dont officiellement il avait été annoncé que les réserves n'étaient plus que 25% de celles annoncées, ce qui a provoqué une crise dans l'Emirat), Cantarell au Mexique, Daqin en Chine. Selon l'expert Colin Campbell de l'ASPO, 46% des réserves de l'OPEC sont fausses ou surévaluées. Ce point de vue a été conforté par M. Saddad EL-HusseIni, ancien vice-président amont de l'Aramco Saoudienne. Les découvertes ont atteint leur pic mondial en 1965 avec 66 Gbl découverts et déclinent depuis. La mer profonde (2000 m de profondeur) ne représente au mieux que 6 Gbl, ( à 3 mois de consommation et 5% de la production mondiale). Pour compenser le déclin de la production mondiale, il faudrait découvrir l'équivalent d'une nouvelle Arabie Saoudite. Tout ceci nous amène à penser que le peak oil est une réalité, qu'il surviendra les dix années à venir selon la vigueur de la demande. Nous pensons qu'il prendra la forme d'un plateau ondulé plutôt que d'un point d'asymptote classique. Il y a une course poursuite entre la demande et la technologie pour accroître les réserves. L'arbitre sera les prix, or les prix sont, comme nous l'avons dit, pris dans la nasse d'une crise économique récurrente. Tout ceci fait que l'industrie pétrolière, mais aussi gazière, est un cheval fou dont il est difficile de prévoir les directions qu'il prendrait. Toute la communication faite sur ces questions dans les pays consommateurs, y compris les jugements d'experts (toujours moutonniers comme on le sait) ont, à notre avis, surtout une vertu thérapeutique. Annoncer la reprise rassure les acteurs, les investisseurs comme les consommateurs, et favorise précisément la reprise. La réalité est que la demande mondiale est de 87 Mbj, qu'elle sera autour des 110-115 Mbj en 2030, cela alors que les experts convergent pour penser que la terre pourra difficilement produire au-delà de 100 Mbj. Cela, aussi, alors que 14 Chinois sur 1 000 ont une automobile contre 580 américains sur 1000. Si 50 Chinois sur mille avaient une automobile, la planète exploserait. La première conclusion est que le modèle de consommation énergétique occidental n'est soutenable ni sur le plan des ressources, ni sur le plan environnemental. La seconde conclusion est que la transition énergétique engagée sous la direction des pays consommateurs ne peut pas laisser sur le bord de la route les pays producteurs. Pour que ceux-ci consentent à augmenter leurs productions pour satisfaire la demande en croissance, ils doivent être impliqués dans les mutations structurelles qui donneront naissance à la scène énergétique de demain. Ce n'est pas en agitant devant leurs yeux le spectre d'un pic de la demande (qui fera que leur pétrole risque de ne pas se vendre demain) que l'on va les inciter à cela. Il faut que leurs compagnies énergétiques nationales, que leurs PME et leurs universités soient parties prenantes des technologies de demain, autant dans les économies d'énergie que dans les énergies renouvelables, qu'aussi dans le nucléaire pour les réacteurs de petite et moyenne capacité qui peuvent être couplés avec des usines de dessalement d'eau de mer, que pour les réacteurs de troisième et demain quatrième génération. Il faut que l'on imagine une organisation originale du cycle du combustible qui, tout en évitant les risques de prolifération nucléaire, n'assujettisse pas les souverainetés des pays postulant à l'électricité nucléaire aux fournisseurs d'assemblages d'uranium enrichi. Il faut que les compagnies nationales des pays producteurs accèdent aux marchés finaux des pays consommateurs pour s'intégrer “from well to wheel” et que des perspectives stratégiques réelles leur soient ouvertes. En tant que fournisseurs de produits pétroliers, molécules de gaz et kilowattheures, ils sécuriseront leurs débouchés et, en même temps, l'approvisionnement énergétique des pays consommateurs, en même temps que les compagnies de ces pays contribuent à développer davantage l'amont pétrolier et gazier dans les pays producteurs aux côtés des compagnies nationales. Il faut que dans l'harmonie, tous ces acteurs opèrent leur mutation depuis un modèle carboné vers un modèle non carboné non fossile. Il faut que les PME et les universités des pays producteurs soient engagées dans ces dynamiques dont l'essence même est un partenariat de type nouveau. Le Forum d'Alger, dans sa session consacrée à l'énergie, a fait apparaitre les grandes lignes de ces problématiques. Le soutien et les encouragement du Dr Youcef Yousfi, Ministre de l'Energie et des Mines, la participation aux débats de personnalités comme M. Mandil, ancien Directeur Général de l'Agence Internationale de l'Energie, de M. Hached, Conseiller principal de M. le Ministre de l'Energie et des Mines et ancien vice-président de Sonatrach, de M. Bouterfa, Président Directeur Général de la Sonelgaz, du professeur Amor Khelif, du Dr Mourad Preure, expert pétrolier international et Président du Cabinet EMERGY, les interventions pertinentes de M. Attar, ancien P-DG de Sonatrach et ancien ministre, M. Belkacem Nabi, ancien ministre de l'Energie, M. Mekidèche, expert et vice-président du CNES, M. Boukhlifa et d'autres, ont contribué à la réussite de cette première session du Forum d'Alger que le Cabinet EMERGY et le quotidien LIBERTE ont organisé en partenariat.
M. P
(*) Expert Pétrolier International
Président du Cabinet EMERGY.


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