Grand amoureux du cinéma, Abdennour Zahzah, réalisateur originaire de Blida, vient de recevoir le Poulain d'or de la 22e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco). Après la réalisation de plusieurs documentaires, Garagouz est sa première fiction. Liberté : Votre film Garagouz a déjà reçu de nombreux prix, notamment le Grand Prix du 11e festival du court métrage de Vaulx-en-Velin, ce doit être un réel encouragement. Quel est votre sentiment par rapport à ces récompenses ? Abdenour Zahzah : C'est agréable de recevoir des récompenses et c'est très encourageant, pas seulement pour moi mais pour tous ceux qui travaillent pour le cinéma en Algérie, qu'ils soient artistes, techniciens, producteurs, politiques ou simples cinéphiles. Votre film raconte l'histoire d'un marionnettiste qui erre avec son fils sur les routes sinueuses de l'Algérie profonde. Avant d'arriver à la difficulté d'être artiste en Algérie, l'art de rue, mobile, vous attire particulièrement ? Oui, c'est vrai. J'adore les artistes qui travaillent sans chercher ni la gloire ni l'argent. Ils le font pour eux-mêmes d'abord comme ceux du Non-Faire que j'ai filmés dans la banlieue de Paris. Votre film exprime, parmi d'autres choses, la difficulté d'être artiste en Algérie, les deux personnages ne recevant aucun soutien durant leur voyage, même si votre histoire peut être considérée comme un exemple parmi d'autres plus positifs. Quelle est, selon vous, la place de l'artiste en Algérie ? La difficulté non pas d'être artiste mais la difficulté de vivre de son art et avec son art. Quant à la place de l'artiste en Algérie, c'est à l'Assemblée populaire nationale de la définir sur proposition du ministère de la Culture. La proposition a été faite, je crois. On attend maintenant la suite. Le jour où l'artiste sera rassuré quant à sa vie, ce jour-là, il va viser non pas la quantité pour subvenir à ses besoins vitaux mais la qualité puisqu'il va travailler peu et bien. Pour revenir à votre film, le tournage a dû être particulièrement difficile, déjà par sa mobilité sur des routes pas toujours facilement praticables, ensuite, par le choix de vos acteurs qui ne sont pas des professionnels… C'est vrai que le tournage a été éprouvant. Nous habitions à 70 kilomètres des lieux de l'action et avec notre vieille camionnette-actrice, qui roulait à 50km/l'heure en tête du cortège, on mettait deux heures à l'aller et autant au retour. Surtout que toute l'action se passe avec la lumière du jour... Nous non plus n'avons pas choisi la facilité puisqu'on a tourné au début de février avec des journées très courtes. Quant aux choix des acteurs non professionnels, je n'ai pas eu beaucoup de difficulté. Au contraire, c'était très agréable puisque tout le monde travaillait pour l'histoire que raconte le film... Garagouz est la première fiction que vous signez après de nombreux documentaires, est-ce volontaire ? Pensez-vous le documentaire plus “formateur” ou est-ce juste un hasard ? Ce n'est pas vraiment un hasard. Je pense que le documentaire est la meilleure école de cinéma. On y apprend à s'effacer devant son film. On y apprend aussi à anticiper. Et le cinéma est aussi l'art de l'anticipation puisque plus on réfléchit avant, mieux c'est.