La délégation de présidents africains était à Tripoli dimanche où, selon le président sud-africain, Mouammar Kadhafi a accepté la “feuille de route” proposée par l'UA. Il restait à Jacob Zuma et ses homologues, Amadou Toumani Touré (Mali), Mohamed Ould Abdel Aziz (Mauritanie) et Denis Sassou N'guesso (Congo), ainsi que le ministre ougandais des Affaires étrangères, Henry Oryem Okello, à convaincre la rébellion à Bengazi. L'entreprise s'annonçait délicate, les chefs de l'insurrection rejetant tout cessez-le-feu impliquant le maintien au pouvoir de Kadhafi ou de ses fils. Alors quid de la médiation africaine qui en est à sa deuxième tentative ? Aujourd'hui, la donne a changé, l'opération des frappes aériennes est dans l'impasse et les troupes rebelles au sol, ensablées. L'Otan demande de renouer avec la voie diplomatique. Normalement, les chances d'un aboutissement seraient plus grandes pour le Panel africain. Mais ce n'est pas aussi évident si l'on se réfère à l'échec cuisant de l'Union africaine pour réconcilier les frères ennemis ivoiriens. Il y a un mois, alors que les chefs d'Etat africains étaient sur le point de se rendre à Tripoli, leur mission a dû être annulée faute d'autorisation pour pénétrer dans la zone d'exclusion aérienne décrétée par les pays occidentaux. Leur plan est resté le même : cessez-le-feu immédiat, assistance humanitaire aux victimes et protection effective des populations civiles avant l'ouverture du dialogue inclusif inter-libyen. Et au panel d'établir la confiance et l'adhésion des parties libyennes ! L'idée est en elle-même constructive mais elle est restée hors temps. La situation sur le terrain n'est plus aux exhortations ni aux appels généreux. Et quand bien même les inquiétudes du président de la Mauritanie au sujet des conséquences de la crise libyenne, qui provoque une prolifération à très grande échelle d'armes incontrôlée de toutes sortes, menaçant particulièrement la sécurité et la stabilité des pays du Maghreb et de la zone sahélo-saharienne, sont fondées, le sort de la Libye se joue en partie sur le terrain et en grande partie dans le bras-de-fer qui oppose Kadhafi à la coalition menée sous-couvert de l'Otan. La solution “africaine” prônée par les présidents mauritanien, sud-africain, malien, congolais et ougandais tombe, à vrai dire, comme un cheveu dans la soupe. Le Panel africain rejette toute intervention militaire étrangère sans jamais mentionner la coalition et ses frappes. La bigoterie est restée une spécialité des chefs africains. La rébellion libyenne, quant à elle, déclare qu'elle recevra les chefs d'Etat africains avec tout le respect mérité, mais affirme fermement qu'elle rejettera tout cessez-le-feu impliquant le maintien au pouvoir du colonel Kadhafi ou de ses fils. Reste que les Occidentaux semblent plus faire confiance à la Ligue arabe, qui a annoncé une session spéciale sur la Libye en présence des membres de la coalition où les Arabes sont représentés par le Qatar et les Emirat arabes, de l'Otan, cheville ouvrière des frappes contre Kadhafi, l'Union européenne et l'Onu. Il s'agira d'examiner les voies et moyens de la nouvelle Libye. Et puis, voilà que le chef du Congrès général du peuple (Parlement libyen) promet de soumettre aux Libyens un projet de Constitution, à une seule condition : que la crise se termine. Sous- entendu que les insurgés rendent leurs armes.