Une fois de plus, Louisa Hanoune aura attiré la grande foule à Tizi Ouzou jeudi dernier où elle a animé, à la maison de la culture Mouloud-Mammeri, un important meeting populaire qu'elle a dédié “aux martyrs de la démocratie et du printemps noir”, et ce, à quelques jours seulement de la double commémoration du Printemps berbère d'avril 80 et du Printemps noir d'avril 2001. C'est à juste titre que la secrétaire générale du Parti des travailleurs a tenu à inviter la nombreuse assistance à observer une minute de silence à la mémoire des martyrs de la démocratie, ce qui fut d'ailleurs fait dans un silence religieux. Actualité oblige, Louisa Hanoune rappellera, à l'occasion, la portée historique du printemps amazigh et de tous les sacrifices consentis par toutes les générations de militants qui ont fait aboutir le combat amazigh. “Ceux qui sont sortis dans la rue en avril 80 n'étaient guère des séparatistes, mais des Algériens fiers de leur histoire et de leur algérianité dans toute sa diversité”, dira Mme Hanoune, qui rappellera aussi que “la constitutionnalisation de tamazight comme langue officielle le 8 avril 2002, doit être considérée comme une victoire de tout le peuple algérien dans la mesure où cette officialisation n'a même pas fait l'objet d'un référendum”. Dans ce même contexte, Mme Hanoune ira même jusqu'à exiger haut et fort que “l'enseignement de tamazight doit être obligatoire dans les 48 wilayas du pays et ne doit pas se limiter à une vingtaine de wilayas berbérophones”, tout en regrettant que le Haut-Commissariat ne soit pas doté jusqu'à aujourd'hui de moyens conséquents adéquats pour faire avancer la promotion de tamazight. Bien évidemment, Louisa Hanoune s'étalera longuement sur la situation politique qui prévaut actuellement en Algérie et dans de nombreux pays arabes. “Les revendications des peuples arabes, qui aspirent à beaucoup plus de liberté, de justice, de démocratie et de bien-être, sont tout à fait légitimes, mais tous les changements souhaités ne doivent pas être orchestrés par les Américains qui veulent militariser le grand Moyen-Orient – du Pakistan jusqu'à la Mauritanie – pour asseoir leur hégémonie et piller leurs ressources comme c'est le cas au Soudan où ils ont réussi à séparer le sud du pays pour cibler ses énormes ressources”, dit-elle. Et d'ajouter : “Et si le Parti des travailleurs soutient tous les peuples arabes qui luttent pour leur dignité et contre la misère et l'injustice, notamment en Tunisie, en Egypte, en Libye et en Syrie, force est de constater que ce genre de luttes n'est pas nouveau en Algérie où le contexte est certainement différent dans la mesure où l'Algérie a déjà réglé le problème de la dette et n'est plus concernée par le plan d'ajustement structurel.” Par ailleurs, Louisa Hanoune s'étalera longuement sur les exigences politiques de l'heure de son parti, et ce, en réclamant, une fois de plus, la nécessité d'une réforme politique globale, d'élections anticipées et surtout aller vers une assemblée constituante souveraine. À ce propos, Mme Hanoune ne mettra pas de gants pour s'attaquer au SG du FLN, Abdelaziz Belkadem, qui s'est déclaré contre l'organisation d'élections anticipées. “De telles déclarations sont absurdes et contradictoires avec la volonté du chef de l'Etat qui a annoncé, le 19 mars dernier, son intention d'initier prochainement de profondes réformes politiques en Algérie.”