Après douze ans de règne, Bouteflika dit avoir “espoir que les prochaines élections législatives (…) seront organisées dans une transparence totale (et) déboucheront sur la représentation au Parlement de tous les grands partis de notre pays”. C'est sur cette perspective, qui sonne comme un aveu concernant le mode de gestion des élections jusqu'ici en vigueur, qu'il fonde la nécessité d'attendre la fin 2012, quelque dix-huit mois encore avant que l'Assemblée et, éventuellement, le peuple, selon “la profondeur” des réformes, ne puissent se prononcer sur la Constitution révisée. Au demeurant, et pour ce qu'il détient de réalité du pouvoir législatif, le Parlement national ne se fait pas d'illusions sur sa réelle fonction. Il s'acquitte de son œuvre de parapher des décisions de l'exécutif avec l'enthousiasme de l'applaudisseur rétribué. Dans un système qui fait usage systématique du trucage électoral, même la fraude est inégalement dispensée. Que peuvent faire alors des élus à 13% des inscrits contre un exécutif dont le chef a officiellement été plébiscité par plus de 90% des suffrages exprimés ? Mais, c'est cette assemblée mal élue, et qui, hier matin, a dû suspendre la séance de vote de la loi sur les transports pour… défaut de quorum, qui doit, dès la prochaine session d'automne, examiner “les lois organiques relatives respectivement au régime électoral, aux partis politiques et à la place des femmes dans les assemblées élues”, puis les lois concernant le mouvement associatif, le code de wilaya, l'information, etc. Tout ce beau travail se fera sur la base d'une synthèse des “vues et propositions des partis et personnalités” consultées et interprétées très probablement par Bensalah, actuel président du Conseil de la nation, un “élu” de nos “élus”. Les lois qui découlent de ce projet de réformes politiques vont prendre effet, dès l'automne, avant la loi mère donc, qui, elle, nous occupera jusqu'après les prochaines législatives qui, elles, se tiendront en mai 2012. Le Président, qui, d'un côté, dit que les réformes seront “profondes”, prévoit que le peuple ne se prononcera sur cette révision constitutionnelle que “si elle s'avère profonde”. Dans le cas contraire, elle se suffira de l'aval du Parlement. L'éventualité d'une réforme superficielle n'est donc pas à écarter. Même si, au plan littéraire, on lit l'annonce d'une métamorphose du système. Cette élocution qui dépasse la pensée du système est une caractéristique du discours du régime. Inaugurées dès 1999, et périodiquement réitérées, les promesses de réformes, les plus profondes, se font toujours attendre. En particulier, celles — réforme de l'état, de la justice, de l'école — dont les commissions concernées ont été installées et leurs conclusions rendues, il y a… plus de dix ans. Contre la demande de changement, c'est une réforme maison qui est brandie, avec même l'assurance qu'elle se fera. En fait, le malentendu est dans le fait que ce n'est pas la Constitution qui est à changer. Il est question de sortir d'abord d'un simple système de pouvoir pour aller vers un système politique. Là, on saura le type de Constitution qui nous conviendrait. M.H. [email protected]