Résumé : Zouina est confrontée à la délicate situation de mettre sa fille au courant de son mariage. Elle tente de la préparer afin que Ghenima n'eut pas un choc en apprenant qu'elle allait devoir se lier à Aïssa. Cependant la jeune fille n'est pas dupe et sentait qu'il y avait anguille sous roche. 22eme partie 22eGhenima se met à trembler. Mohand ne pouvait être l'auteur de cette mauvaise farce. Il lui a, certes, promis de venir demander sa main, mais pas dans l'immédiat. Quelques voisines avaient peut-être eu écho de ce projet et en avait informé son père. Mais Mohand l'aurait tout de même tenue au courant, et elle-même aurait su au moment opportun que la famille de son élu s'apprêtait à venir demander officiellement sa main. Mais ce n'était pas le cas. Mohand lui avait assuré la semaine dernière que dès que son frère et son père rentreront de France, il prendrait les choses en main et ferait en sorte de la préparer à l'avance à cette éventualité. Qui donc est venu demander sa main ? Zouina s'était tue. Elle lui avait juste lancé à la figure qu'elle venait de recevoir une demande en mariage, que son père aurait acceptée, puisque dès demain, la djemaâ officialisera les liens. Ghenima se lève d'un bond : - Je ne veux pas me marier mère. Pas encore… N'es-tu pas la première qui ne cessait de me répéter que je suis encore jeune et inexpérimentée pour fonder un foyer. Et que quand le moment sera venu, j'aurais mon mot à dire pour confirmer le choix de mon père ? Zouina hoche la tête : - Bien sûr ma chérie. Mais il se trouve que ton père a déjà pris une décision, sans consulter qui que ce soit. Ghenima est de plus en plus étonnée - Il veut donc se débarrasser de moi aussi vite que ça ? Zouina se mordit encore une fois les lèvres. C'était quelque part le cas. Kaci se débarrasse de Ghenima. Quelle autre formule donc pourrait qualifier ce mariage insensé ? Elle s'approche se sa fille et la prend par les épaules : - Non ma chérie… Aucun père ne se sépare de sa fille de gaîté de cœur, crois-moi. Même lorsqu'il la marie avec l'homme dont toutes les jeunes filles peuvent rêver, c'est toujours dans un climat imprégné de tristesse que la mariée quitte la maison paternelle. - Pourrais-je donc savoir à qui, il a donc accordé aussi rapidement ma main ? Zouina se met à trembler. L'heure de vérité a sonné. Comment fera-t-elle pour apprendre à sa fille que son futur mari n'est autre que Aïssa ? Ne voulant pas brusquer Ghenima, elle entreprend un prélude afin d'atténuer un tant soit peu le choc que sa fille ressentira à coup sûr en apprenant la triste réalité : - Tu sais Ghenima, ton futur mari, est l'un des hommes les plus puissants et les plus aisés du village. Il a des biens. Beaucoup de biens. Il est propriétaire de plusieurs hectares de terres fertiles. Il a du bétail à en revendre, des champs d'oliviers et de figuiers. Il vit comme un pacha sur son trône. Il a à son service une armée d'hommes pour gérer ses terres et ses troupeaux de bêtes. Il possède aussi une grande maison, avec tout ce dont une femme peut rêver et… Ghenima arrête sa mère d'un geste : - Assez maman… J'ai déjà entendu ce refrain plus d'une fois, et à chaque fois qu'on demandait ma main. Mais tout ce que tu viens de citer ne me renseigne pas davantage sur cet homme qui veut m'épouser. Qui est-il donc ? Et pourquoi m'avoir choisie moi, une fille d'une famille simple et modeste, parmi les autres filles du village ? Zouina se racle la gorge avant de répondre : - C'est que tu es la plus belle, Ghenima… Sais-tu ma fille que plus d'une fille de ton âge envie ton allégresse, ta grâce et ta beauté ? (À suivre) Y. H.