Résumé : Da Kaci et Zouina continuaient leur dispute. La vieille femme est offusquée. Elle sait que sa fille va à sa perte. Mais son vieux fou de mari ne veut pas en démordre. Il avait engagé sa parole, et maintenant, ils n'avaient qu'à en assumer tous les conséquences. 20eme partie Da Kaci lève la main d'un air las : - Cela suffit, femme. Charge-toi de préparer ta fille. Ce soir, nous nous entretiendrons avec les garçons afin qu'ils soient au courant et m'accompagnent à la djemaâ. Sur ce, il relève le pan de son burnous sur son épaule et se met à redescendre la petite échelle en bois qui mène à la grande salle du rez-de-chaussée. Zineb et Fatiha qui terminaient de déjeuner le regardèrent passer tel un zombie. Il n'avait même pas remarqué Ghenima qui s'était levée à son passage. Les trois femmes se regardèrent ébahies. Da Kaci semblait en colère, mais affichait aussi indéniablement un air triste. Pour une fois, le vieil homme ne s'était pas arrêté pour jouer avec ses petits-enfants, demander à déjeuner, ou même pour sermonner une de ses belles-filles. Ses remarques acerbes étaient connues lorsqu'il était de mauvaise humeur. Mais pour cette fois, Da Kaci, semblait tellement pris dans ses pensées qu'il s'était même heurté le front contre une poutre sans s'en rendre compte. Ghenima se lève pour faire la vaisselle et ses belles-sœurs se retirèrent chacune dans sa chambre pour un petit repos auprès de leurs enfants. Il faisait trop froid pour rester dans la cour et la neige qui dégoulinait des toits formait des flaques d'eau qui rendaient le sol glissant. Zouina demeura seule un moment, en se demandant comment annoncer l'horrible nouvelle à sa fille. Elle se met à réfléchir au moyen le plus subtil pour ne pas trop la surprendre, et heurter son innocence. Mais de n'importe quelle manière dont elle s'y prendrait, elle sait que Ghenima ne va pas accepter aussi facilement ce coup du sort. Et comment donc ! Elle qui s'attendait à convoler en justes noces avec un homme jeune, et du même milieu que le sien. Zouina repensait à une conversation qu'elle avait eue il y a quelques mois avec Nedjima, la belle-fille de Si Yahia qui avait laissé sous-entendre, lors de la cueillette des olives, que son beau-frère Mohand voulait demander la main de Ghenima. Zouina avait alors pris un air hautain, tout en répondant que sa famille ne pouvait se lier à un forgeron. Le feu n'est pas toujours de bon augure, et celui qui s'y frotte, se brûle. Nedjima avait haussé les épaules d'un air dédaigneux en maugréant que ce n'était pas du tout à elle de prendre cette affaire en main. Le mariage était une affaire d'hommes, ainsi son beau-père Yahia, et son mari Amar, pensaient venir passer quelques jours au bled. D'ici là, Dieu y pourvoira. Zouina s'était éloignée d'elle sans rajouter un mot. Rien qu'à la pensée que Ghenima soit mariée à un forgeron, elle se sentait mal dans sa peau. (À suivre) Y. H.