Depuis plusieurs jours, des employés de Burson-Marsteller, l'une des agences de communication américaines les plus en vue, appelaient des journalistes et des blogueurs pour leur proposer de traiter d'un sujet. Et pas n'importe lequel : l'agence leur suggérait en effet de s'intéresser à la manière dont Google gère la protection de la vie privée dans son service Google Circles. Cette fonctionnalité peu connue permet d'afficher une liste des connaissances de vos connaissances. Et l'agence d'avancer que la manière dont ce service collecte les informations et les stocke violerait les lois américaines et constituerait une grave entrave à la vie privée des utilisateurs. Parmi les personnes contactées par Burson-Marsteller figure le blogueur Christopher Soghoian. Le 3 mai, il reçoit un courriel lui expliquant que “Google collecte, enregistre et exploite des millions d'informations personnelles, enregistrées depuis plusieurs services, et les partage sans l'accord et le contrôle des principaux concernés”. L'auteur du message, John Mercurio – un ancien chroniqueur politique récemment embauché par Burson-Marsteller – lui propose même de l'aider à rédiger un article sur le sujet et de l'aider à le faire publier dans le Washington Post ou sur le site Politico. RIEN À REPROCHER À GOOGLE CIRCLES Initiative malheureuse : militant pour la défense de la vie privée et spécialiste de la sécurité informatique, très critique envers la politique de protection des données de Google, Christopher Soghoian ne trouve cependant rien de particulier à reprocher à Google Circles. Il décide alors de publier le contenu de ses échanges avec John Mercurio sur Internet, ajoutant qu'il est “tout à fait capable d'écrire lui-même ses articles anti-Google”. Plus ennuyeux encore pour l'agence de communication, les journalistes d'USA Today, également approchés, décident de s'intéresser à la campagne de Burson-Marsteller. Estimant que les accusations contre Google Circles sont grossièrement exagérées, le journal commence à interroger l'agence pour savoir qui finance cette campagne anti-Google. Celle-ci coupe alors toute communication avec le journal, qui publie une enquête sur le sujet le 6 mai. ENQUÊTE SUR L'IDENTITE DU CLIENT Mais un point reste alors à éclaircir : l'identité du client. Le site The Daily Beast perce le mystère et réussit à établir que la campagne a été financée par Facebook. Interrogée par le site, le réseau social a confirmé avoir embauché l'agence, arguant que Google est une source d'inquiétudes en ce qui concerne la vie privée. En outre, Facebook reproche à Google d'essayer d'utiliser des informations issues du réseau social dans ses propres fonctionnalités sociales. La guerre entre Facebook et Google sur l'accès aux données n'est pas nouvelle. Les deux géants du Web s'accusent mutuellement de blocages, non-respect de la vie privée et abus de position dominante dans l'accès aux listes de contacts et d'amis. Facebook souhaite pouvoir accéder aux contacts Gmail des nouveaux inscrits sur son réseau, tandis que Google veut accéder à la liste des “amis” Facebook de ses utilisateurs. Chacune des deux entreprises a bloqué à plusieurs reprises l'accès à ces informations. Le Monde.fr “Le numérique, une autre façon de filmer A 41 ans, Sébastien Buchmann, seize années de cinéma derrière lui, a été le chef opérateur de Valérie Donzelli pour la Guerre est déclarée, en ouverture de la Semaine de la critique à Cannes. Il évoque la révolution numérique, ses avantages et ses inconvénients. Verbatim “En réalité, le cinéma a connu une première mutation il y a déjà 20 ans. Mais les films tournés alors en vidéo étaient très peu distribués en salles, car le numérique n'était pas adapté au cinéma "esthétique". C'est toujours vrai aujourd'hui : l'image numérique n'a pas la qualité de l'image pellicule. Elle perd en richesse, les couleurs sont souvent ternes, les noirs pas très profonds, les nuances limitées dans les hautes lumières ; les contre-jours sont tristes, le fond est blanc, les détails disparaissent ; enfin la profondeur de champ est infinie, il n'existe plus de flou. Les cinéastes qui choisissent le numérique le savent, mais ils gagnent en liberté : tourner rapidement, ne pas attendre la lumière ni subir le protocole qu'il y a habituellement sur un film. Ils aiment aussi la légèreté de l'équipe, du matériel, qui leur permet de changer d'avis facilement. Le grand avantage est surtout financier, qui intéresse donc d'abord les producteurs “L'appareil photo Canon 5D, très à la mode en ce moment, existe depuis deux ans. Révolutionnaire ? Oui et non. En fait, je ne crois pas que le fabricant comptait sur un tel engouement des professionnels quand il a ajouté l'option film à cet appareil reflex. Le Canon 5D coûte au maximum 3 000 euros quand une caméra numérique revient, en semi-professionnel, au minimum à 6 000 euros. “Cette option film a des capteurs exceptionnels, comparables à ceux d'une caméra 35 mm. La profondeur de champ est plus petite, le flou apparaît à nouveau. Mais l'image perd encore en informations de couleur, en définition. Les détails ne sont pas toujours interprétés convenablement, ce qui provoque un effet de moirage : filmer un pull à petites rayures peut donner des images vibrantes. Quant à l'étalonnage, il est difficile : la lumière change inévitablement pendant un tournage et l'harmonisation n'est plus possible. C'est parfois choquant. Avec le 5D, la légèreté demeure : pour la Guerre est déclarée, j'avais la caméra et son pied dans un sac à dos et on se baladait en scooter. Pas de camion ni de voiture. Pour le son, seulement un ingénieur qui faisait tout, un enregistreur sur le ventre et une perche. Pour Valérie Donzelli, qui a privilégié le contenu à la qualité de l'image, cet appareil est idéal. Et puis, le risque d'une image mal foutue peut être stimulant. Quoi qu'il en soit, cet appareil va bouleverser le marché. Les fabricants de caméras numériques vont se réveiller et proposer cette fois de meilleures caméras. L'an dernier, Arriflex a d'ailleurs sorti une caméra très demandée, l'Alexa, très performante et de grande qualité : elle s'approche vraiment du travail rendu par la pellicule. Mais si l'on tient à un film esthétique, il faut y mettre les moyens.” Next.liberation.fr