Hormis la participation assurée des trois partis de l'Alliance présidentielle aux discussions, l'on s'attend à de nombreuses défections, notamment de la part des principales forces de l'opposition. Le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, désigné par le président de la République pour conduire les réformes politiques, entamera, le 21 mai prochain, les consultations avec les responsables des partis politiques. Les discussions porteront essentiellement sur la teneur, les objectifs et la profondeur des amendements envisagés dans la loi organique portant régime électoral, la loi sur les partis politiques, celles afférentes aux associations et, bien entendu, la révision de la Constitution. Au départ, M. Bensalah devait recevoir ses invités au siège du Sénat, puis a pensé à aménager un bureau au siège national de son propre parti, le RND. Finalement, le deuxième personnage de l'état va installer ses quartiers généraux dans une villa prise en location le temps de mener à terme la tâche qui lui a été confiée par le premier magistrat du pays. Au-delà des aspects de logistique et de timing, la mission de Abdelkader Bensalah se présente sous les auspices de la difficulté. Si les trois partis formant l'Alliance présidentielle ont applaudi l'initiative du chef de l'état d'engager des réformes politiques tous azimuts (avec une attitude plus nuancée, néanmoins du MSP) et se préparent déjà à participer pleinement, par des idées et des propositions, à cette opération, l'opposition tangue entre la réticence et le refus net de cautionner ce qui est considéré comme une entourloupe de la part du pouvoir. Le FFS se donne le temps en s'opposant “à l'installation d'une commission pour mener des réformes politiques”, au motif qu'il ne souhaite pas se constituer comme “un client du pouvoir et refuse donc de prendre part à une mascarade politique”. Le premier secrétaire du plus vieux parti de l'opposition a déclaré récemment qu'on “nous parle aujourd'hui d'ouverture, mais on ferme toutes les portes, et ce qui est proposé est une démonstration que les décideurs n'ont aucune volonté de changement vers la démocratie”. La Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD), par la voix de Me Ali Yahia Abdennour, a également annoncé qu'elle ne répondra pas à l'invitation du président du Sénat. Même s'il ne s'est pas encore prononcé sur la question, tout porte à croire que le RCD empruntera également le chemin du boycott. Le parti de Saïd Sadi a déjà gelé l'activité de ses élus au Parlement, pour marquer sa protestation quant à l'absence de réactions au sein de l'institution suite aux émeutes qui ont secoué le pays au début de l'année. Le FNA optera probablement pour une démarche similaire si l'on se réfère aux dernières déclarations du président du parti, Moussa Touati. Ce dernier a, en effet, douté de la crédibilité de la commission mise en place pour mener les réformes, en la qualifiant de “chambre fermée”. Pour lui, “les réformes annoncées ne peuvent répondre aux aspirations du peuple. Les réformes seront modelées selon les attentes de ceux qui ont accaparé le pouvoir depuis 1962”.