Le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, devrait entamer dans les tout prochains jours les consultations avec les partis en vue notamment de prendre connaissance de leurs attentes concernant les «réformes politiques» que compte initier Abdelaziz Bouteflika. Une source proche de son entourage indique qu'il commencera à recevoir les premières personnalités politiques dans une semaine environ. L'annonce du début officiel de ces consultations et de la composition du staff qui aura à travailler avec lui se fera, précise-t-on, au cours d'une conférence de presse que Abdelkader Bensalah prévoit lui-même d'animer. Mais même si la «phase pratique» des consultations dont il a été chargé par le chef de l'Etat de mener n'a pas encore officiellement commencé, M. Bensalah a néanmoins déjà rencontré, à sa demande, Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du FLN, Ahmed Ouyahia, secrétaire général du RND, le responsable du MSP, Bouguerra Soltani, et la porte-parole du PT, Louisa Hanoune. Pour quelles raisons ? Le président du Sénat – qui se trouve être l'un des fondateurs du RND – aurait, dit-on, voulu prendre la température de la classe politique et jauger l'état d'esprit de ses futurs interlocuteurs. D'autres sources ajoutent que le président du Conseil de la nation (Sénat) s'est également entretenu avec le général Touati avec lequel il a eu à organiser la conférence du dialogue national en 1994. Une conférence au terme de laquelle le général Liamine Zeroual, alors ministre de la Défense nationale, a été désigné chef de l'Etat. L'option Zeroual s'était imposée d'elle-même après que Abdelaziz Bouteflika eut refusé le poste. Les consultations politiques, précisent nos sources, ne se limiteront pas aux seuls leaders des partis agréés. L'on affirme que Abdelkader Bensalah prévoit d'adresser des invitations aussi bien aux responsables de partis encore non reconnus, comme c'est le cas du Front démocratique (FD) de Sid Ahmed Ghozali et du Parti pour la liberté et la justice (PLJ) fondé depuis peu par Mohamed Saïd. Les personnalités politiques nationales auront également l'opportunité de faire connaître leurs positions sur la question. A ce propos, l'on assure que la liste des participants est ouverte et que toutes «les personnalités qui comptent et qui ont l'habitude d'intervenir dans le débat politique national», à l'image de Abdelhamid Mehri, seront conviées à ce tour de table censé déboucher notamment sur la révision de la Constitution du pays. Des proches du président du Conseil de la nation préviennent en outre que Abdelkader Bensalah ne sera pas un arbitre et qu'il n'a pas été chargé de négocier au nom du président de la République. Son rôle, mentionne-t-on, consistera surtout à écouter et à transmettre à Abdelaziz Bouteflika les attentes ou les revendications de la classe politique concernant le volet des réformes politiques. Aussi, M. Bensalah se donne au plus tard jusqu'à la fin de l'année pour organiser les plus larges consultations possibles, recueillir les doléances des uns et des autres pour en faire une synthèse exhaustive avant de transmettre le tout à Abdelaziz Bouteflika. Si, de prime abord, il apparaît que le pouvoir ne veut exclure aucun acteur du débat, il est à craindre toutefois que les consultations en question se réduisent à un simple tête-à-tête avec les membres de l'Alliance présidentielle, cela dans la mesure où les partis de l'opposition, chacun pour des raisons qui lui sont propres, ont décidé, pour l'heure, de décliner l'invitation. C'est le cas essentiellement du FFS, de Ahd 54, du RCD et du FNA. En plus de ne pas être globalement d'accord avec la démarche empruntée par le chef de l'Etat pour poser le débat des réformes politiques, ces partis contestent également le choix de Abdelkader Bensalah comme «interlocuteur» de la classe politique. Alors que du côté du pouvoir, on assure justement que «le président du Sénat fera l'affaire eu égard à sa longue expérience parlementaire et à sa connaissance des partis», l'opposition indique par contre qu'elle aurait préféré que le chef de l'Etat désigne une «personnalité indépendante». Bref, c'est la crise de confiance avant même le commencement des discussions. Maintenant le tout est de savoir si le président de la République va rester dans sa logique et maintenir les mêmes règles du jeu tout en sachant que son dialogue national risque de n'être au bout du compte qu'un simple monologue.