Alors que tous les officiels, dont les responsables de l'ONM, dépositaires autoproclamés de l'histoire de la Révolution, sont restés muets devant les déclarations de Ahmed Ben Bella s'attaquant aux symboles de la Révolution algérienne, Khaled Bounedjma, secrétaire général de la Coordination nationale des enfants de chahid, (Cnec), est sorti de sa coquille hier, pour rappeler à l'ordre l'ancien et premier président de l'Algérie indépendante. Ceci, quand bien même sait-il que Ben Bella ne s'adressait pas à lui personnellement, ni à son organisation, mais bien à d'autres parties, personnalités de son entourage. Lors de sa conférence de presse animée à la maison de la presse Tahar-Djaout, le représentant des enfants de chouhada a, de prime abord, qualifié les déclarations de Ben Bella de “déplacées et diffamatoires” à l'encontre des symboles de la Révolution, mettant en avant le soutien indéfectible de son organisation à l'un des architectes de la Révolution algérienne, Abane Ramdane. “Nous, les fils de chahid, ne nous sommes pas marocains, et c'est logique que nous soutenons et rendons hommage à Abane Ramdane, et à tous nos glorieux martyrs. Oui ! Nous sommes tous avec Abane Ramdane. Et, si ce dernier vous a empêché de participer au Congrès de la Soummam, c'est tout simplement parce qu'il vous connaissait assez ; il connaissait votre engagement douteux !”, s'est écrié Khaled Bounedjma. Et d'assener : “C'est ça la vraie trahison dont vous vous êtes embourbé depuis 1962”. Toujours aussi tonitruant que lors de ces précédentes sorties, M. Bounedjma a poursuivi en s'interrogeant : “Où était passé Ben Bella pendant que les moudjahidine étaient au front de la guerre de Libération. Nous vous connaissons assez ; vous n'avez rien fait, si ce n'est seulement votre passage sans gloire en prison”, allusion faite à la déclaration osée de Ben Bella estimant que “le 1er Novembre, c'est moi !”. Défendant les autres figures de proue, Mohamed Boudiaf et Hocine Aït Ahmed, également victimes des attaques fortuites de l'ex-président algérien, d'origine marocaine, M. Bounedjma émet une précision de taille : “Nous ne nous sommes ni des agents de la CIA, ni du Mossad ; nous sommes des fils de chahid, des nationalistes fiers du combat mené par nos parents pour que vive l'Algérie indépendante. Notre slogan n'est autre que la déclaration de Novembre 1954 ; c'est notre acte notarial !”. Protestation ouverte devant la présidence à partir du 22 mai La Coordination nationale des enfants de chahid, (Cnec), de Khaled Bounedjma appelle, par ailleurs, à une protestation ouverte à partir du 22 mai courant. L'action sera entamée par la tenue d'un rassemblement de l'ensemble des militants de l'organisation, devant le siège de la présidence de la République. Ce lieu choisi que les protestataires ne comptent pas quitter avant la satisfaction de la totalité de leurs revendications, notamment “le recouvrement de la dignité de la famille du chahid conformément à la Constitution”. Cette décision, explique M. Bounedjma, a été prise en concertation avec la base militante, à l'issue du dernier conseil de wilaya tenu le 14 mai dernier à Jijel. “Certes, nous avons toujours soutenu le programme du Président, et prôné la stabilité dans l'intérêt du pays, mais aujourd'hui, nous sommes poussés à investir la rue. Notre action n'est pas une menace, et nous n'avons pas de revendications politiques, mais des revendications de dignité”, a tenu à préciser M. Bounedjma, exigeant que “nous soyons reçus par le Président en personne, et non pas par ses ministres ou autres responsables”. En ce sens qu'il revendique d'ailleurs, le départ de l'actuel staff gouvernemental, excepté le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, lequel ne serait pas, de son avis, responsable de la situation de déliquescence actuelle. “Aujourd'hui, on ne veut plus de ministres corruptibles, et de double nationalité. Savez-vous qu'il y a encore des ministres plus dangereux que l'ex-ministre Chakib Khelil !”. Et d'assener encore : “Le Président n'a pas besoin de vous pour parler de son programme, vous, (les ministres), n'avez qu'à appliquer les lois !”. Pour M. Bounedjma, l'Algérie ne vit pas de crise politique, le problème réside plutôt au niveau de l'administration. “C'est l'administration qui pousse les citoyens à sortir dans la rue”. D'où le jugement de Bounedjma qui considère que si des réformes doivent être engagées, elles doivent commencer par la réforme de l'administration, et surtout par “l'élimination de la mafia financière, des barons de la rente”. Montrant du doigt ceux qui prônent le discours réformiste, le SG de la Cnec s'en prend, par ailleurs, au parti islamiste, le MSP qu'il ne veut pas nommer. “Ce n'est pas à vous de nous dicter les réformes. Si vous faites votre parti par l'islamisme, nous en ferons le nôtre par l'histoire”. Une nouvelle polémique est-elle lancée ?