Le président de la Coordination nationale des enfants de chouhada (CNEC), Khaled Bounedjma, tire à boulets rouges sur le gouvernement, n'hésitant pas à accuser l'équipe de Ahmed Ouyahia de geler « sciemment » la loi relative au moudjahid et au chahid. « La loi existe depuis 1999, mais pour des raisons qui restent à élucider, elle est gelée dans les tiroirs des décideurs », a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse, tenue, hier, au siège de la CNEC à Alger. Khaled Bounedjma, qui réitère le « soutien indéfectible » de son organisation au président de la République, menace d'investir la rue. Cette éventualité reste, selon lui, la seule alternative pour faire porter la voix de « 2 millions d'Algériens ». « Si aucune mesure n'est prise dans les semaines qui viennent, nous occuperons la rue le 5 juillet prochain. La date n'est pas fortuite, c'est l'anniversaire de l'indépendance de l'Algérie », tient-il à rappeler. Signalant le « dépit quasi généralisé » de la base, Khaled Bounedjma dira à ce sujet : « J'avoue mon impuissance à contrôler la base de la CNEC. Celle-ci est en train de bouillonner, s'estimant lésée, oubliée voire abandonnée par l'Etat. Les enfants de chouhada me le signifient à chaque fois que je leur rends visite ». Et d'énumérer un chapelet de doléances : « Les enfants de chouhada n'exigent pas l'impossible. Où sont passées les mesures contenues dans la loi qui stipule que le logement social, l'accession à la terre agricole ou tout simplement la sécurité sociale sont un droit indéniable des enfants et veuves de chahid. Mis à part le départ avant terme à la retraite, aucun article de la loi n'est aujourd'hui appliqué. » Connu comme étant un fervent défenseur du programme du président de la République, Khaled Bounedjma s'attaque aujourd'hui au gouvernement. Un gouvernement censé, lui aussi, obéir à la même logique, c'est-à-dire appliquer à la lettre les orientations présidentielles. Cependant, le président de la CNEC essaie d'expliquer tout le contraire. A ses dires, il y a une « dichotomie » entre la présidence « qui se démène à servir le pays » et un gouvernement qui « fait preuve de mollesse ». Mais il se trouve que ce gouvernement tant décrié a à sa tête Ahmed Ouyahia. La sortie de Khaled Bounedjma, jurant cependant que celle-ci a un aspect exclusivement « revendicatif », ne serait-elle pas actionnée par quelque chapelle politique ? « Pas du tout ! », tonne-t-il, signalant que la CNEC est « totalement » indépendante.