“La loi du bakchich dans la distribution des logements” L'édition 2011 du Salon international du bâtiment Batimatec a pris de l'envergure. Jamais cette manifestation n'a réuni autant d'entreprises aussi bien locales qu'étrangères. Elle a été placée sous le signe de la qualité. Un objectif du programme de 2 millions de logements à réaliser au cours du plan quinquennal 2010-2014. Constat au cours du salon : l'outil de réalisation verse dans l'amateurisme. Il souffre d'un handicap : peu d'entreprises algériennes hautement qualifiées. Un effet de la déstructuration du secteur engagée lors de l'application du plan d'ajustement structurel au cours des années 1990. Au lieu d'une restructuration de la branche, regroupant les PME publiques dans de grandes entreprises capables de réaliser des programmes de 1 000 à 10 000 unités et/ou des incitations en faveur de l'émergence de grands groupes privés, on a préféré une organisation atomisée où des dizaines d'entreprises participent à la réalisation de seulement 50 ou 100 logements. Les plus gros projets sont affectés aux entreprises étrangères, chinoises ou turques. En un mot, dix ans après, le constat est accablant, les grandes entreprises dans le bâtiment se comptent sur les doigts d'une seule main. On comprend alors qu'avec ce gap dans la restructuration du secteur, la construction reste une source de gaspillage d'argent public avec le non-respect des délais de réalisation, de la qualité et des coûts. Elle est aggravée par un déficit de qualifications, la rareté du foncier, des lacunes dans l'organisation des chantiers et l'insuffisant recours aux professionnels dans la conception des cités. Mais il faut reconnaître que depuis une décennie, jamais autant de logements n'ont été construits, atténuant la pression dans les grandes villes, et participant ainsi à la réoccupation des campagnes. Le secteur des matériaux de construction connaît également une expansion. Mais la crise du logement est loin d'être résorbée pour plusieurs raisons. Le principal facteur invoqué est un système de distribution des logements injuste, pollué par la corruption. Il ne se passe pas un mois sans que soient rapportés des cas d'agents de l'Etat faisant payer à des postulants la dîme au droit au logement ou à des bénéficiaires le choix de l'appartement, notamment. L'information sur les nouveaux programmes de réalisation des logements sociaux ou promotionnels aidés est rarement diffusée dans les communes et daïras. Les plus heureux et les plus informés, grâce à un système de “copinage”, effectuent un grand pas à l'accès à un toit, au détriment de la grande majorité. “Tchiper” enrichit donc les uns et empêche des centaines de milliers de sans-logis à l'accès au logement. Une telle situation finit à la longue par entretenir un climat d'instabilité sociale, de suspicion, préjudiciable au développement durable du pays. K. R. [email protected] LIRE TOUT LE DOSSIER EN CLIQUANT ICI