Devant la multiplication des rumeurs sur la famille Moubarak, le parquet général égyptien a officiellement annoncé que l'ancien président Hosni Moubarak et ses deux fils, Alaâ et Gamal, vont bel et bien être jugés. Ils répondront devant les juridictions compétentes pour le meurtre de manifestants pendant le soulèvement populaire de janvier-février et pour corruption, a indiqué la même source à l'agence officielle Mena. Cette dernière a ajouté que “le procureur général, Abdel Meguid Mahmoud, a décidé aujourd'hui (hier, ndlr) de déférer l'ex-président Hosni Moubarak et ses fils Alaâ et Gamal, ainsi que l'homme d'affaires en fuite, Hussein Salem, devant un tribunal pénal”. Les quatre hommes sont accusés de meurtre avec préméditation, d'avoir planifié le meurtre de certains participants aux manifestations pacifiques de la révolution du 25 janvier et d'avoir abusé de leur position pour s'enrichir. Le parquet général avait demandé, la semaine dernière, que l'ex-président soit de nouveau examiné pour établir si son état de santé permet son transfert dans un hôpital carcéral, et une évaluation des hôpitaux des prisons de Tora et de Mazraâ, dans le sud du Caire, pour établir s'ils sont assez équipés pour l'accueillir. Samedi, une source médicale avait indiqué que l'ex-président était dépressif et avait besoin d'être suivi par un psychologue. Le journal indépendant Al-Chorouk avait récemment affirmé que M. Moubarak préparait une lettre dans laquelle il allait présenter des excuses aux Egyptiens et remettre ses avoirs à l'Etat, dans l'espoir d'obtenir une amnistie. L'armée, qui dirige le pays depuis la démission de M. Moubarak, a démenti avoir l'intention de l'amnistier. Les informations sur une éventuelle amnistie de M. Moubarak avaient provoqué la colère de nombreux Egyptiens. Plusieurs centaines d'entre eux s'étaient rassemblés, vendredi, sur la place Tahrir, emblématique de la révolte contre le régime, pour exiger un procès de l'ancien chef de l'Etat et dire “non à une réconciliation avec les tueurs et les criminels”. Pour rappel, Hosni Moubarak, âgé de 83 ans, a été chassé le 11 février du pouvoir par une révolte populaire. Le 13 avril, il a été placé en détention préventive à l'hôpital international de Charm El-Cheikh — station balnéaire sur la mer Rouge où il s'est réfugié après sa démission — où il avait été admis après un malaise cardiaque pendant un interrogatoire. L'ancien président et ses deux fils sont sous le coup d'enquêtes sur l'origine de leur fortune et pour la répression des manifestations contre le régime de janvier et février. L'ex-raïs et ses deux fils sont actuellement en détention provisoire, l'ancien chef d'Etat à l'hôpital de Charm El-Cheikh, Alaâ et Gamal dans la prison de Tora, au Caire. Les militants pro-démocratie ont appelé cette semaine à de nouveaux rassemblements, vendredi, pour exiger le procès “des symboles de l'ancien régime”. L'épouse de Hosni Moubarak, Suzanne, qui se trouve elle aussi à Charm El-Cheikh, a vu sa détention préventive levée après qu'elle eut cédé une partie de sa fortune à l'Etat. Selon un bilan officiel, 846 personnes ont été tuées pendant la révolte qui a poussé M. Moubarak à la démission le 11 février.