Pour la première fois dans l'Histoire du monde arabe, un président démis de ses fonctions est traduit en justice. Dans un précédent unique dans les annales de l'histoire de la région, un ancien chef d'Etat va répondre de ses actes devant la justice de son pays. Trois mois après son éviction du pouvoir, l'ex-président égyptien, Hosni Moubarak, sera jugé pour sa gestion chaotique du pays, mais aussi pour les meurtres des 846 égyptiens tués pendant la révolte. M. Moubarek ainsi que ses deux fils, Alaa et Gamal, vont être jugés pour le meurtre de manifestants pendant le soulèvement populaire de janvier-février mais aussi pour corruption, annoncera le parquet général, cité par l'agence de presse égyptienne Mena.M. Moubarak et ses fils sont actuellement en détention provisoire, l'ancien chef d'Etat à l'hôpital de Charm el-Cheikh, Alaa et Gamal dans la prison de Tora, au Caire. «Le Procureur général Abdel Meguid Mahmoud a décidé mardi (hier) de déférer l'ex-président Hosni Moubarak et ses fils Alaa et Gamal ainsi que l'homme d'affaires en fuite Hussein Salem devant un tribunal pénal». Les quatre hommes sont accusés de «meurtre avec préméditation», d'«avoir planifié le meurtre de certains participants aux manifestations pacifiques de la révolution du 25 janvier» et d'avoir abusé de leur position pour s'enrichir. Le président égyptien a été placé en détention préventive à l'hôpital international de Charm el-Cheikh le 13 avril dernier où il avait été admis après un malaise cardiaque pendant un interrogatoire. Le Parquet général a demandé la semaine dernière que l'ex-président soit de nouveau examiné pour établir si son état de santé permet son transfert dans un hôpital carcéral, et une évaluation des hôpitaux des prisons de Tora et de Mazraa, dans le sud du Caire, pour établir s'ils sont assez équipés pour l'accueillir.Samedi dernier, une source médicale avait indiqué que l'ex-président était dépressif et avait besoin d'être suivi par un psychologue. Le journal indépendant Al-Chorouk avait récemment affirmé que M. Moubarak préparait une lettre dans laquelle il allait présenter des excuses aux Egyptiens et remettre ses avoirs à l'Etat dans l'espoir d'obtenir une amnistie. L'armée, qui dirige le pays depuis la démission de M. Moubarak, a démenti avoir l'intention de l'amnistier. Son épouse Suzanne, qui se trouve elle aussi à Charm el-Cheikh, a vu sa détention préventive levée après qu'elle eut cédé une partie de sa fortune à l'Etat.Les informations sur une éventuelle amnistie de M. Moubarak avaient provoqué l'ire de nombreux Egyptiens. Plusieurs centaines d'entre eux s'étaient rassemblés vendredi sur la place Tahrir, lieu emblématique de la révolte contre le régime, pour exiger un procès de l'ancien chef de l'Etat et dire «non à une réconciliation avec les tueurs et les criminels». Les égyptiens ont été conviés à manifester vendredi pour exiger le procès «des symboles de l'ancien régime». G. H.