Le Premier ministre a balayé, hier, d'un revers de main cette possibilité en affirmant qu'elle n'était guère à l'ordre du jour, parce que Rabat ne fait rien pour apaiser la tension entre les deux pays. Bien au contraire. Les frontières algéro-marocaines ne seront pas rouvertes dans les prochains jours ou semaines, du moins pas avant le déroulement de la rencontre de football entrant dans le cadre des éliminatoires de la CAN-2012, qui opposera les sélections des deux pays le 4 juin à Marrakech. C'est Ahmed Ouyahia, Premier ministre, qui a catégoriquement écarté cette éventualité, hier, lors de la conférence de presse sur la tripartite. L'ouverture des frontières avec le Maroc voisin n'était “pas à l'ordre du jour”, a-t-il déclaré en reprochant, au passage, à Rabat de chercher à impliquer Alger dans le conflit libyen. Il accusera le Maroc de ne rien faire pour rapprocher les positions des deux pays, en affirmant : “ces derniers temps, on observe (...) des déclarations de l'agence officielle marocaine et une agitation du lobby officiel marocain aux Etats-Unis voulant impliquer l'Algérie dans l'envoi de mercenaires et d'armes en Libye.” Selon lui, “Ce genre de choses ne sont pas des facteurs qui aident à l'ouverture de la frontière. En tout état de cause, l'ouverture de la frontière n'est pas à l'ordre du jour.” Pour rappel, depuis plusieurs semaines, Alger multiplie “les démentis les plus clairs”, selon les termes employés par le ministre algérien des Affaires étrangères, Mourad Medelci, aux accusations relayées par l'agence de presse officielle marocaine, MAP, et d'autres organes de presse du royaume, impliquant l'Algérie dans l'envoi de mercenaires ou d'armement en Libye pour aider Mouammar Kadhafi confronté à une rébellion dirigée par le Conseil national de transition (CNT), soutenu militairement par l'Otan depuis la mi-mars. Indirectement, il appellera les responsables marocains à cesser leurs agissements hostiles envers l'Algérie, en ajoutant : “Il n'y a rien de programmé et elle arrivera un jour. Mais pour qu'elle arrive, elle a besoin d'un climat et le climat se concrétise par des déclarations.” Le Premier ministre montre ainsi la voie à suivre pour améliorer les relations entre les deux pays, qui sont au beau fixe, d'ailleurs, sur le plan commercial, selon lui. En effet, il a souligné que les liens économiques des deux pays étaient “très importants”, et que “nous n'avons aucun désaccord bilatéral avec le Maroc : la preuve nos échanges commerciaux sont très importants et le Maroc se classe en première position dans les échanges commerciaux avec l'Algérie et en Afrique”. Pour rappel, durant ces quatre derniers mois, Rabat et Alger ont échangé des visites de ministres qui avaient laissé augurer d'un réchauffement progressif de leurs relations politiques. Malheureusement, la diplomatie marocaine, qui a saboté récemment l'élection du représentant algérien au conseil des droits de l'homme de l'ONU, Driss Djazaïri, à la tête d'une commission au profit du Lesotho, s'est de nouveau attaquée à l'Algérie lors de la réunion des non-alignés ce week-end à Bali en Indonésie. En d'autres termes, la sortie médiatique d'Ouyahia résonne comme une mise en garde en direction de Rabat, afin qu'elle adopte une position correcte vis-à-vis d'Alger, si elle veut réellement un rapprochement.