Le Premier ministre yéménite, Ali Moujawar, a été hospitalisé, hier, en Arabie Saoudite après avoir été blessé la veille dans le bombardement du palais présidentiel, alors que de nouveaux heurts ont eu lieu à Sanaâ et à Taëz, dans le sud-ouest du Yémen. Outre M. Moujawar, les présidents de la Chambre des députés, Yahia al-Raï, et du Conseil consultatif, Abdel Aziz Abdel-Ghani, et le vice-Premier ministre pour les Affaires intérieures, Sadek Amin Abou-Ras, blessés dans l'attaque de vendredi, ont été transportés samedi en Arabie Saoudite pour subir des soins, a-t-on appris de source médicale. En revanche, a-t-on ajouté de même source, l'état du président Ali Abdallah Saleh, hospitalisé à l'hôpital militaire de la capitale, après avoir été blessé dans l'attaque, est "stable" et "n'inspire pas d'inquiétude". Selon cette source, les quatre hommes doivent "poursuivre les soins en Arabie Saoudite", dont les installations hospitalières sont mieux équipées que celles du Yémen, un pays pauvre de la Péninsule arabique. "Légèrement blessé à la tête", selon un haut responsable yéménite, M. Saleh a assuré être bien portant dans un message audio, diffusé vendredi soir par la télévision d'Etat après le bombardement d'une mosquée du palais présidentiel, qui a coûté la vie à sept officiers. M. Saleh a fait porter à son rival, Sadek al-Ahmar, le plus puissant des chefs tribaux du pays, dont les hommes sont engagés dans une bataille sanglante contre les forces fidèles au chef de l'Etat, la responsabilité de l'agression. Cette attaque a été suivie vendredi du bombardement de résidences du camp al-Ahmar dans un quartier du sud de la capitale, non loin du palais. Samedi, des échanges de tirs se sont poursuivis par intermittence à Al-Hassaba, un quartier du nord de Sanaa, secoué pour la cinquième nuit consécutive par de violents accrochages aux obus et aux roquettes, selon des témoins. Des habitants, effrayés par la persistance des violences, continuaient à fuir Al-Hassaba, où se trouvent la résidence de cheikh Sadek al-Ahmar, et les quartiers avoisinants, privés d'eau et affectés par des coupures d'électricité. À Taëz, 270 km au sud-ouest de Sanaâ, des accrochages ont opposé hier des militaires à des hommes armés qui assuraient la protection de centaines de protestataires rassemblés sur la place de la Liberté, où un sit-in avait été démantelé par la force lundi au prix de plus de 50 morts, selon des témoins.