Le gouvernement, qui refuse de négocier une éventuelle abrogation du service civil et oppose son niet catégorique à sa levée, va à l'encontre des recommandations d'une commission ad hoc qui, en 2010, a prouvé “l'inefficacité dudit service”. Lors d'un point de presse, tenu hier au siège de l'UNPF, le Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra) a tenu a démonter la “contradiction de la démarche du gouvernement quant à la gestion du dossier”. “L'affectation bureaucratique de spécialistes dans des hôpitaux dépourvus de plateaux techniques, ou ne disposant pas de logement, a transformé souvent les “spécialistes” ainsi affectés en simples consultants, travaillant deux ou trois jours par semaine”, dénonce le compte rendu de la commission instaurée par le Conseil national économique et social et le ministère de la Santé. Le document pointe du doigt les bas salaires du secteur public, contrairement au privé, ou, selon lui, c'est l'une des raisons de la “discontinuité” dans la délivrance des soins. “Les rémunérations offertes dans le secteur public n'ont aucun rapport avec l'utilité sociale des professionnels de la santé. Elles sont très largement inférieures aux revenus découlant de l'activité privée, ce qui entraîne une désorganisation des services publics, souvent délaissés au profit d'une activité privée officielle ou clandestine plus lucrative et une discontinuité dans la délivrance des soins dans les régions des Hauts-Plateaux et du Sud, où les praticiens spécialistes sont astreints à un “service civil”, limité dans le temps et ressenti comme une pénalité administrative imposée”, détaille le document. Le document s'interroge sur le principe même du service civil : “Faut-il maintenir le service civil, obligation créée dans un contexte historique de pénurie médicale dans certaines zones déshéritées au lendemain de l'Indépendance ?” Le document soulève d'autres questionnements concernant le service civil : “Faut-il l'abroger, en décomptant le service civil accompli pendant des années dans une carrière de santé publique ? Faut-il le remplacer par un contrat à durée déterminée ? Trois ou cinq ans, en modulant les rémunérations et les indemnités en fonction de l'éloignement géographique, du climat ? Faut-il le maintenir en l'état, ce qui contribue à désarticuler le système de santé et à organiser la discontinuité des soins ?” Le président de l'Ordre des médecins, le professeur Berkani Berkat, a tenu à apporter son soutien aux résidents en soulignant que leurs revendications étaient “justes et qu'il fallait juste agir”. Comme il s'est indigné de la façon dont la tutelle prend en charge le dossier du service civil. “Ce n'est pas normal de laisser les hôpitaux à l'abandon pendant trois mois. Les hôpitaux ne font plus grand-chose depuis que les résidents sont en grève.” Le professeur s'est dit “indigné du traitement réservé à la future élite en portant atteinte à sa dignité. Des résidents se font tabasser comme des animaux, c'est intolérable”, dénonce Berkani Berkat. La Commission nationale de la santé et des droits du malade et autres associations des malades ont tenu, elles aussi, à exprimer leur soutien au “combat” des résidents.