Le Conseil de sécurité de l'Onu a du mal à voter le projet de résolution sur la Syrie déposé par des pays occidentaux. Moscou s'est déclaré hostile à tout document visant à condamner Damas, brandissant la menace de son veto afin d'éviter la répétition du scénario libyen. La Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne et le Portugal se sont pourtant contentés dans leur nouveau projet soumis mercredi au Conseil de sécurité, d'une condamnation de la répression en Syrie. Le nouveau projet de résolution ne prévoit ni de sanction ni d'embargo sur les livraisons d'armes mais appelle à ouvrir une enquête indépendante sur les meurtres en Syrie et enjoint les autorités de Damas à engager des réformes structurelles et à libérer les prisonniers politiques. Moscou fait part jeudi de son opposition à l'adoption de quelque résolution que ce soit sur la Syrie, persuadé que celle-ci ne contribuera pas à engager un dialogue politique et à mettre fin aux violences, qu'au contraire, elle aura un effet contreproductif. Les Russes ont tiré leçon de la situation libyenne, notamment de l'engrenage dans lequel s'est enfoncé la Libye avec la résolution 1973. Le président Dimitri Medvedev avait averti ses homologues détenteurs du droit du veto au Conseil de sécurité que son pays ne soutiendrait pas de résolution sur la Syrie, analogue à celle qui avait été adoptée sur la Libye. Pour autant, le niet russe n'est pas définitif. Moscou pourrait soutenir le projet de résolution sur la Syrie, mais à condition que le risque d'intervention étrangère armée dans ce pays soit totalement exclu, car les Russes l'ont fait savoir à plusieurs reprises, le comportement des autorités syriennes mérite réprobation et condamnation. Et puis Moscou doit également tenir compte de la position de la Chine qui n'a pas annoncé opposer son veto. En outre, si la répression en Syrie est de de plus en plus catastrophique, inquiétante et préoccupante au plus haut point, rien ne vient encore faire croire à un délitement du régime. Même si le jusqu'au-boutisme du régime commence à désespérer jusqu'à ses partisans. Les Syriens commencent eux à fuir leur pays, notamment vers la Turquie qui a établi des camps de réfugiés à ses frontières. Le flux s'est accéléré avec la mort de 120 soldats et officiers annoncée par le régime dans la région de Jisr Al-Shoughour, et que ce dernier attribue à des groupes armés le terme qui désigne souvent les salafistes dans la propagande officielle. Selon des réfugiés, une caserne se serait mutinée, sans doute par refus de tirer sur les manifestants dans une ville où 35 personnes auraient perdu la vie ces derniers jours. Une féroce répression se serait ensuivie et des renforts militaires ont été dépêchés dans cette localité stratégique proche de la frontière turque. Le Premier ministre turc est sorti de son mutisme pour condamner la répression et exhorter Bachar Al-Assad à procéder aux réformes démocratiques exigées par les insurgés. L'escalade de la violence policière qui reste le seul scénario en exercice s'est installé durablement dans la capitale. Depuis le 15 mars, le régime syrien fait face à une contestation populaire sans précédents. Les manifestations syriennes s'inscrivent dans le prolongement des troubles qui secouent le monde arabe depuis plusieurs mois. Pour calmer le mécontentement populaire, le président Bachar Al-Assad a levé l'état d'urgence, en vigueur depuis 1963, et a annoncé des réformes économiques et politiques. Malgré ces mesures, la révolte populaire prend de l'ampleur. Selon l'opposition, la répression de la révolte populaire en Syrie par les forces de sécurité a fait un millier de morts.