Le vieillissement de la population inquiète les spécialistes, en ce sens que dans quinze ans, le déséquilibre financier entre cotisants et retraités exposera le pays à de grandes difficultés. En 2011, une grossesse peut encore être fatale pour une femme, en Algérie. Acculé sur la question, hier, au colloque maghrébin sur la population, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Djamel Ould-Abbès, n'a pu l'esquiver. Il n'a surtout pas pu occulter le taux, particulièrement élevé pour un pays qui dit sortir du sous-développement, de mortalité des parturientes. En 1962, environ 500 femmes sur 100 000 mouraient au cours ou juste après un accouchement. En 2010, le taux est à peine divisé par cinq, malgré les grands progrès réalisés dans la prise en charge médicale des futures mamans. 85 femmes sur 100 000 perdent encore la vie en donnant la vie. Le ministre de tutelle impute ce phénomène au manque de spécialistes dans les villes de l'Algérie profonde. Il promet de remédier rapidement à la situation en améliorant, entre autres, la qualité de la formation des sages-femmes. Au plan de la mortalité infantile, les chiffres sont moins édifiants. Le représentant du gouvernement a soutenu que le taux y afférent est passé de 171 pour 1 000 naissances vivantes en 1962 à 23,7 pour 1 000 en 2010. Il a révélé, aussi, que l'Algérie a fait un pas de géant en matière d'espérance de vie, limité à 47 ans l'année de l'indépendance. Elle atteint actuellement les 76 ans. Un exposé a été justement focalisé sur le vieillissement de la population au Maghreb. Pour n'aborder que le cas de l'Algérie, il est établi, par les experts, que la baisse de l'indice synthétique de fécondité combiné à l'augmentation de l'espérance de vie “produira, dans les décennies à venir, une population du 3e âge importante en volume”. Les spécialistes estiment que “2025 marquera le début de cette situation qui coïncidera avec l'arrivée des générations baby-booms, celles nées durant les années 70, à l'âge de la retraite”. Le problème se posera, alors, justement pour les pensions de retraite, puisque la population active sera inférieure, en nombre, par rapport à celle des retraités. Ce qui induira fatalement un déficit financier pour la caisse de retraite, déjà en difficulté de nos jours. “Si l'on considère le fait que déjà pour une structure par âge très favorable à un équilibre financier entre cotisants et retraités, le pays rencontre de réelles difficultés à payer les retraites, on peut d'ores et déjà s'attendre à ce qu'une structure par âge peu favorable à l'équilibre recherché constitue, dans les années futures, un défi sérieux, surtout si la durée moyenne de l'activité continue sa tendance à la baisse amorcée ces dernières années”, ont alerté le Dr Chérif et le Pr Salhi. En 2010, la population active a été estimée à 10,8 millions de personnes, soit 30,7% de la population globale. Elle sera, selon les projections, de 16 millions en 2030. En parallèle, le nombre de retraités, de l'ordre de 2,2 millions de personnes en 2010, augmentera de 767 000 en 2015 et de 1,3 million en 2030. “Au vu de ces chiffres, nous pouvons aisément imaginer la lourde pression qu'aura à subir le système de retraite dans les années futures”, ont conclu les conférenciers, qui prévoient une augmentation inexorable de la population active âgée de plus de 55 ans, au-delà de 2025. Dans cette tranche d'âge, ils ont été, en 2010, près de 400 000 à rester actifs professionnellement. Ils seront environ un million en 2030 et 1,6 million en 2045.