Entre constats et projections, la Conférence nationale sur le plan d'action du secteur de l'artisanat, organisée hier à Staouéli par le département de Smaïl Mimoune, ministre du Tourisme et de l'Artisanat, a permis de lever le voile sur le déficit enregistré sur ce chapitre qui reste, pourtant, pourvoyeur de nombreux postes d'emploi et créateur de richesse. Dans son allocution d'ouverture, le ministre n'a pas omis de saluer toutes les actions initiées aux fins de développer le secteur reconnaissant, malgré tout, qu'il existe un retard à rattraper. À ne pas perdre de vue non plus certaines échéances déterminantes (l'accord d'association avec UE, l'entrée à l'OMC) auxquelles il faudra se préparer. Le débat est ainsi enclenché pour une réflexion plus efficiente qui prendrait en compte les mutations de tout le paysage économique dans le cadre de la mondialisation. Aujourd'hui, l'Algérie n'a réussi à labéliser qu'un seul produit, en l'occurrence le tapis, et ambitionne d'en atteindre au moins vingt dans les années à venir. Ce qui est loin d'être une mince affaire et nécessite l'implication de toutes les parties concernées, mais aussi et surtout l'amorce d'un véritable cadre de coopération avec les étrangers. En ce sens, le ministre a fait part d'une rencontre qui réunira, ces jours-ci, l'ONS, les douanes à l'issue de laquelle découlera la création d'un observatoire pour évaluer nos produits. Il annoncera, par ailleurs, la tenue de la foire internationale de l'artisanat en novembre prochain. Certes, il faut satisfaire le marché local, ce qui n'est pas encore le cas et aspirer ensuite à exporter. Lors de cette rencontre, beaucoup de chiffres ont été également avancés pour faire bonne figure, mais ces derniers ne reflètent en aucun la réalité du terrain qui, elle, raconte une toute autre histoire. Actuellement, l'on compte 197 000 artisans dont 11 000 ont bénéficié, entre 2003 et 2010, d'accompagnement et de formation. Les Chambres d'artisanat sont passées de 20 à 48 entre 1997 et 2010. Dans le cadre du quinquennat 2005-2009, il y a eu aussi la création de 81 infrastructures entre maisons d'artisanat, espaces d'expo-vente et autres centres d'estampillage. 23 000 artisans ont bénéficié de locaux dans le cadre de l'opération 100 locaux pour chaque commune et environ 410 000 postes d'emploi ont été créés et le PIB a atteint les 129 milliards de dinars. C'est du moins ce que donne l'étude réalisée par le centre écotechnique en 2008… entretenant ainsi l'illusion d'un secteur qui se porte au moment même où la plupart des artisans le réfutent totalement. Hormis quelques boutiques connues de la capitale, à titre d'exemple, le touriste étranger ou même algérien n'a guère l'embarras du choix pour un produit souvent hors de prix et vendus dans des conditions loin d'être attractives. La capitale elle-même qui est la vitrine du pays, et dans les plus grandes villes surtout celles reconnues pour le tourisme ne disposent pas de marchés ou d'espaces adéquats pour faire la promotion et écouler la marchandise. Raison pour lesquelles certaines mesures urgentes ont été prises pour venir au secours d'une activité en perte de vitesse. Il a été décidé, en outre, de contracter des lignes crédits auprès de Badr, via la Cnam pour importer du cuivre de l'Iran et le vendre aux artisans sans marge bénéficiaire de façon à atténuer le coût global supporté par l'artisan. Constantine en sera la wilaya-pilote avant que le concept ne soit généralisé aux autres régions et élargi à d'autres produits.