Quarante-huit heures après avoir quitté le camp de réfugiés de Rafah dans la bande de Gaza, l'armée israélienne a lancé hier matin une nouvelle opération pour y détruire des tunnels soupçonnés de servir à la contrebande d'armes en provenance d'Egypte. En Cisjordanie, un Palestinien qui s'était approché d'une colonie près de Hébron a été tué par les tirs d'un soldat israélien, a-t-on annoncé de sources militaires israéliennes. Son décès porte à 3 537 le nombre de personnes tuées depuis le début de l'Intifada, fin septembre 2000, dont 2 632 Palestiniens et 842 Israéliens. Une quarantaine de chars et de bulldozers israéliens, appuyés par trois hélicoptères, ont pénétré dans le camp de réfugiés de Rafah, ont indiqué des responsables de sécurité palestiniens et des témoins. Au moins trois Palestiniens, dont un enfant de 12 ans et un adolescent de 16 ans, ont été blessés dans des échanges de tirs, a-t-on indiqué de sources hospitalières. Un porte-parole de l'armée a confirmé qu'une opération était en cours à Rafah “en vue d'achever de détruire des tunnels utilisés par les Palestiniens pour passer en contrebande des armes en provenance d'Egypte vers la bande de Gaza”. Selon lui, 48 tunnels de ce genre ont été découverts et détruits depuis le début de l'Intifada. Certains des tunnels visés ont une trentaine de mètres de profondeur et 500 mètres de longueur, a précisé la radio militaire qui a indiqué que l'objectif de cette nouvelle incursion, “Traitement à la racine 2”, était de détruire une douzaine de tunnels qui subsisteraient à Rafah. La radio a également précisé que l'armée souhaitait créer une “zone de sécurité spéciale” du côté palestinien de la frontière avec l'Egypte pour empêcher que des tunnels soient creusés. L'opération pourrait durer “plusieurs jours”, a-t-elle ajouté. Rafah est située à cheval sur la frontière entre l'Egypte et la bande de Gaza. Les accords sur l'autonomie palestinienne, signés en 1993, accordent aux autorités israéliennes le contrôle du poste-frontière de Rafah côté palestinien. Au cours du premier raid, lancé vendredi à l'aube, huit Palestiniens, dont deux enfants, avaient été tués et une soixantaine d'autres blessés par des tirs israéliens. Selon l'Agence de l'ONU pour les réfugiés de Palestine (Unrwa), 114 maisons avaient été détruites ou rendues inhabitables, laissant 1 240 personnes sans abri. Par ailleurs, quatre Palestiniens, dont deux policiers, ont été arrêtés par l'armée à Naplouse et dans le camp de réfugiés proche de Balata, a-t-on appris de sources sécuritaires palestiniennes. Des sources militaires israéliennes ont pour leur part fait état de l'arrestation de huit Palestiniens recherchés, dont quatre dans la région de Jénine. KOSOVO Dialogue entre Serbes et Albanais Les Serbes de Belgrade et les Albanais du Kosovo ont entamé, hier, à vienne des entretiens directs pour la première fois depuis la guerre, il y a quatre ans. Ces discussions ''techniques'' d'une journée entre Pristina et Belgrade, organisées par la communauté internationale, ne vont pas toucher au problème crucial et délicat du statut politique final de la province à majorité albanaise. L'ONU qui administre la province, le ''groupe de contact'' sur l'ex-Yougoslavie, l'Union européenne et l'Otan assistent à cette réunion. Après une menace de boycott de dernière minute, la délégation de Belgrade est menée par Svetozar Marovic, président fédéral de Serbie-Monténégro. Celle du Kosovo est conduite par le président de la province, Ibrahim Rugova, et le chef du Parlement, Nexhat Daci, (des nationalistes moderés).