“Aujourd'hui, la demande de changement du système fait consensus dans le pays et les catégories populaires, jusque-là fractionnées et enfermées dans des manifestations sectorielles, assument leur solidarité avec d'autres luttes dont elles admettent, à la base, la nature politique”, se félicite la coordination. Au bout d'une vingtaine de tentatives infructueuses d'organiser une marche à Alger, toutes avortées par la police, la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD) a décidé de suspendre momentanément la traditionnelle manifestation du samedi dans la capitale. Usure ? Désertion du terrain ? Non, les militants du changement ont convenu qu'il y a lieu aujourd'hui d'imprimer une nouvelle dynamique à leur combat pour le départ du système. “Pour déjouer les provocations d'un système rentier maffieux et mieux se consacrer à sa mission de coordination, l'assemblée générale de la CNCD, réunie en plénière le 23 juin dernier à Alger, décide de suspendre ses manifestations hebdomadaires temporairement et donne rendez-vous au peuple algérien pour des initiatives fédérant les énergies patriotiques en vue de donner un prolongement concret à la plate-forme pour le changement et la démocratie”, annonce la CNCD, dans un communiqué rendu public hier. Le bilan que font les membres de la CNCD de leur action depuis cinq mois est des plus positifs. “En cinq mois, un travail d'animation et de sensibilisation politique considérable a été accompli. Aujourd'hui, le mur de la peur a été démoli et les Algériens sont dans la rue pour exprimer leurs revendications. Actuellement, la demande de changement du système fait consensus dans le pays ; les catégories populaires, jusque-là fractionnées et enfermées dans des manifestations sectorielles, assument leur solidarité avec d'autres luttes dont elles admettent, à la base, la nature politique”, se félicite la CNCD. “Malgré la répression qui n'a épargné ni les femmes ni les étudiants, ni les parlementaires, les militants de la CNCD, avec à leur tête, Me Ali Yahia Abdennour, ont maintenu une présence régulière sur la place du 1er-Mai. Cette persévérance a payé”, s'enorgueillit-elle encore. Autre bon point à mettre à l'actif de la CNCD : “Une plate-forme consensuelle en faveur d'une phase de transition dont elle propose les modalités de mise en œuvre.” Mais la conviction profonde des membres de la CNCD est que leur organisation se doit d'engager une nouvelle étape pour donner toutes les chances à sa revendication de changement de système d'aboutir. “Les acquis de cette première phase doivent maintenant être préservés et renforcés. La CNCD est appelée à adapter ses luttes à une situation évolutive tant au plan national que régional et international”, explique-t-elle. Il s'agit donc, en d'autres termes, de mener une campagne d'animation et de sensibilisation qui “doit se traduire par un travail de coordination sur le terrain pendant la période estivale”. Au niveau national, les partisans du changement comptent prendre langue avec “les secteurs en lutte pour les écouter davantage et exprimer ses positions sur la base de la plate-forme pour le changement et la démocratie en vue d'aider à la construction de la solidarité intersectorielle”. Sur le plan régional, la CNCD compte assurer “un suivi des luttes et des contacts avec les forces engagées pour le changement”, tout en tissant “des relations actives et mutuellement bénéfiques à nos peuples”. Et sur le plan international, elle compte mettre à profit la période estivale pour “sensibiliser et alerter les instances mondiales, dont notre pays a ratifié les résolutions, sur les dangers que font courir les manœuvres du pouvoir à l'Algérie et à notre région”. Il faut dire que l'assemblée générale de la CNCD, tenue jeudi au siège du RCD à Alger, a connu des débats houleux même si l'écrasante majorité était d'accord pour la suspension de la marche du samedi. Me Ali Yahia Abdennour a convenu qu'il y a lieu “d'aborder une nouvelle étape”. “Nous devons nous rapprocher davantage des syndicats. À la rentrée, il y aura une autre situation qu'il faut préparer cet été. Mais il est hors de question d'enterrer la CNCD”, explique-t-il. “Nous avons gagné en maturité, mais nous devons parfaire notre organisation. La CNCD doit se projeter dans l'avenir”, a plaidé pour sa part le député Tahar Besbas.