Le deuxième volet du procès Ben Ali s'est ouvert hier à Tunis en l'absence de ses avocats, qui se sont retirés pour protester contre le “non-respect des droits de la défense”, dans l'indifférence d'une grande partie de la population car beaucoup ne voient toujours pas l'intérêt de tenir ce procès en l'absence du dictateur. Ce nouveau procès par contumace de l'ex-président tunisien, pour détention d'armes et de drogue, et d'œuvres archéologiques, devait s'ouvrir vendredi, il a été reporté à cause d'une grève des magistrats qui réclament des changements radicaux au sein du ministère de la Justice. Tandis que la défense du tyran de Tunis commise d'office par la cour qui a déjà condamné par contumace, le 20 juin, Ben Ali de la Tunisie et son épouse Leïla Trabelsi à 35 ans de prison et 45 millions d'euros d'amende pour détournement de fonds, dénoncent la confusion de ce procès en l'absence de l'ex-couple présidentiel réfugié en Arabie Saoudite, qu'il qualifie de “justice expéditive”, les tunisiens font preuve de désintérêt convaincus que le jugement est de toutes les façons une parodie de justice, qu'il est improvisé par des autorités de transition plutôt motivé par la sauvegarde de meubles du système qui a régné durant 23 ans. Pour les acteurs de la révolution tunisienne, point de départ des printemps arabes ainsi de leur contamination sur le reste du monde dans le mode opératoire pacifique et le slogan emblématique de “dégage”, ce procès devait être celui de tout le système qui a érigé la répression et la torture en système politique. Ben Ali était déjà responsable, en tant que dirigeant des services de renseignements sous Bourguiba, de nombreuses exactions, dont la répression dans le sang de la grève générale du 26 janvier 1978. Sur le plan économique, Ben Ali est responsable de l'application de tous les plans des grandes puissances occidentales, qui ont totalement soumis l'économie tunisienne au diktat du FMI, de la Banque mondiale et de l'Union européenne. Et si ce système a pu tenir aussi longtemps, disent les militants de la Révolution du jasmin, c'est parce qu'il y avait “des milliers de Ben Ali pour mettre en application cette politique, au sein de tous les rouages politiques et administratifs, sans compter le maillage du parti RCD et de la police politique”. Voilà pourquoi à leurs yeux, un procès de tout ce système est nécessaire. Et selon eux, le procès-là qui a démarré le 20 juin n'est pas celui-là.