Une fois n'est pas coutume, la Ligue arabe a fini par prendre une décision sans ambages à l'issue, jeudi, de la réunion du comité de suivi tenue à Doha sous la présidence du Qatar et en présence de Mahmoud Abbas : la demande d'adhésion de la Palestine à l'ONU sera présentée par l'organisation panarabe. Dans un communiqué lu à la presse, le chef de l'organisation, Nabil Al-Arabi, a déclaré que le comité a pris l'engagement d'œuvrer “à assurer un soutien international à une reconnaissance d'un Etat palestinien dans les limites des frontières de 1967 et ayant pour capitale Jérusalem”. En marge de la réunion, le porte-parole de Mahmoud Abbas, Nabil Abou Roudeina, a affirmé que les Palestiniens étaient déterminés à obtenir la reconnaissance de leur Etat, “avec ou sans veto américain”. De son côté le négociateur palestinien Saëb Erakat a révélé que 117 pays membres de l'ONU reconnaissent déjà l'Etat palestinien. Après avoir exclu toute reprise des pourparlers sans l'acceptation par Israël des lignes de 1967 comme base de négociation, conformément aux vœux mêmes du président Obama tels qu'il les a exprimés en mai dernier, le responsable palestinien a appelé les Etats-Unis à revenir sur leur décision d'opposer leur veto à la demande d'adhésion palestinienne. “Les Américains nous ont dit à maintes reprises qu'ils utiliseraient leur veto au Conseil de sécurité contre notre demande d'adhésion, et nous avons été prévenus que, si nous poursuivions sur cette voie à l'Assemblée générale de l'ONU, il y aurait des conséquences”, a-t-il dévoilé. Il a en outre expliqué que si les Américains persistent dans leur opposition au projet palestinien, celui-ci aurait du mal à aboutir. “Sans l'approbation du Conseil de sécurité, nous ne pouvons obtenir l'adhésion via l'Assemblée générale, que nous recueillions deux tiers des voix et même 100%. Ce que nous pouvons obtenir de l'Assemblée générale, c'est une résolution qui élèvera notre statut à l'ONU d'observateur à Etat non membre”, a-t-il encore déploré. En l'état actuel des choses, il est très peu probable que les Etats-Unis infléchissent leur position. On n'en veut pour preuve que la dernière réunion du Quartette (ONU, Etats-Unis, Union européenne et Russie), qui s'est tenue lundi à Washington, et qui s'est terminée en queue de poisson. À tel point que les protagonistes ont dû renoncer à la rédaction d'un communiqué commun, tant la position américaine est éloignée de celles des autres partenaires. Dès que les Palestiniens ont émis l'idée, il y a de cela quelques mois, de tenter de faire reconnaître leur Etat par l'organisation des Nations unies si des négociations sérieuses avec Israël n'étaient pas entreprises, les Etats-Unis ont tenté d'étouffer le projet dans l'œuf, pour éviter une “conflagration” diplomatique. C'est alors que le président Obama a voulu relancer les discussions sur la base de deux Etats établis suivant les lignes de 1967. Le refus d'Israël a été catégorique et Benjamin Netanyahou a même infligé un camouflet sur ses terres au patron de la Maison-Blanche, en se faisant ovationner au Congrès après un discours particulièrement hostile aux propositions d'Obama. Les Palestiniens, eux, ont adhéré à l'idée. C'est même dans le strict respect des critères énoncés par le président américain que la demande d'adhésion à l'ONU est formulée. Comme ce ne sont pas les scrupules qui étoufferont un jour les dirigeants américains, qui n'ont jamais craint la contradiction, ils brandissent leur veto à la demande palestinienne et profèrent même des menaces à leur encontre. Aussi, si la décision palestinienne a un mérite, c'est au minimum celui d'obliger Barack Obama à sortir des bois. Ou il tape sur la table et oblige Netanyahou à accepter les lignes de 1967 comme base de négociation, ou il renonce à l'usage de son veto. Toute autre attitude emportera les quelques vestiges qui restent de sa crédibilité de début de mandat, et avec eux tout espoir de voir prendre fin l'un des plus vieux et des plus injustes conflits du monde.