Alors que les dirigeants palestiniens sont déterminés à saisir l'ONU pour obtenir la reconnaissance de leur Etat dans les meilleurs délais, le Qatar va à contre-courant de leur volonté en proposant le “gel” du processus de paix israélo-palestinien, jusqu'à ce que l'Etat hébreux soit prêt à négocier. La diplomatie qatarie, qui ne rate aucune occasion de s'imposer comme un acteur incontournable dans le monde arabe, comme en témoignent ses nombreuses médiations dans les différents conflits, est allée trop loin cette fois-ci en s'arrogeant le droit de proposer une suspension pure et simple du processus de paix israélo-palestinien, jusqu'à ce qu'Israël daigne bien s'asseoir à une table de négociations avec les Palestiniens. Voilà une proposition, qui va à contre-courant des efforts des responsables palestiniens, lesquels font le forcing pour une reconnaissance rapide de leur Etat, si nécessaire en septembre prochain par l'Assemblée générale des Nations unies. Dans cette perspective, les dirigeants palestiniens lanceront la procédure de demande d'adhésion à l'ONU en juillet, a déclaré Saëb Erekat, membre du comité exécutif de l'Organisation de libération pour la Palestine (OLP) à la radio Voix de la Palestine. “Les Palestiniens coordonneront avec les pays arabes pour entamer en juillet la procédure de demande pour obtenir la reconnaissance de leur Etat”, a-t-il affirmé depuis… Doha, capitale du Qatar. Du même endroit, à l'ouverture d'une réunion sur l'initiative de paix arabe en présence du président palestinien Mahmoud Abbas, le Premier ministre du Qatar proposait de “suspendre” le processus de paix israélo-palestinien, actuellement dans l'impasse, jusqu'à ce qu'Israël soit prêt. “Nous estimons qu'il est préférable de suspendre le processus de paix jusqu'à ce qu'il y ait un partenaire prêt” à des négociations dans le camp israélien, a déclaré cheikh Hamad Ben Jassem Al-Thani, dont le pays préside le comité de suivi de l'initiative de paix issu de la Ligue arabe. Pis, le chef du gouvernement qatari s'est contredit en soulignant qu'à travers son dernier discours, Netanyahu “apporte la preuve qu'Israël ne veut pas la paix”. Alors pourquoi attendre que Tel-Aviv accepte bien de négocier, au moment où il y a urgence pour que l'Etat palestinien voie le jour. La diplomatie qatarie s'emmêle les pinceaux. Cela étant, la réunion de Doha était consacrée à l'examen des développements de la question palestinienne après la récente prise de position du président américain Barack Obama en faveur d'un Etat palestinien sur la base des frontières de 1967 et la réaction négative du gouvernement israélien, avait indiqué la Ligue arabe. S'isolant davantage sur la scène internationale, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a rejeté cette proposition et tracé une série de lignes rouges, exigeant des Palestiniens l'abandon inconditionnel de Jérusalem-Est et du droit au retour des réfugiés, la reconnaissance d'Israël comme Etat juif et l'acceptation d'une présence militaire israélienne de longue durée. Une chose est désormais sûre, le président palestinien Mahmoud Abbas est catégorique ; sans négociation de paix avec Israël, il demanderait à l'ONU en septembre prochain de reconnaître un Etat palestinien.