Résumé : Belkacem avait passé toute la nuit à chercher sa sœur. Il avait traversé la forêt au risque de sa vie et avait fini par s'asseoir au pied d'un arbre pour se reposer et reprendre des forces. Tout en mangeant son frugal repas, il repense aux derniers évènements qui venaient de frapper sa famille. L'inquiétude reprit alors le dessus. Ghenima est peut-être morte à cette heure-ci… Des bêtes sauvages l'avaient peut-être attaquée et dévorée. Certes, il n'avait pas remarqué des traces de sang ou des lambeaux de vêtements tout au long de son itinéraire. Mais est-ce le même que sa sœur avait emprunté ? Il somnole un moment, puis se relève. Malgré sa grande fatigue, il ne pouvait perdre davantage de temps. Ghenima était en danger. Il doit la rattraper, et lui parler. Lui assurer, qu'elle pouvait revenir à la maison, et que rien de fâcheux ne lui arrivera. Sa petite sœur l'aimait beaucoup. Elle l'écouterait sûrement. Et puis, il lui apprendra aussi que tous les gens du village étaient contre ce mariage, malgré le verdict de la djemaâ. Aïssa ne l'aura pas…. Il finira par battre en retraite devant tant d'animosité de leur part. Belkacem se surprend à parler seul et à haute voix. Avait-il perdu la raison ? Ce n'était pas surprenant dans un tel cas. Il repense à son fils. Ghenima adorait le petit et ce dernier le lui rendait bien. Pourquoi fallait-il que l'harmonie qui régnait en maîtresse dans leur famille soit entravée par un intrus comme Aïssa ? Belkacem marchait vite. Il avait très froid et soufflait dans ses mains pour se réchauffer. Au loin, il entrevit les abords d'un village. Ghenima s'était-elle réfugiée dans l'une de ces chaumières juchées sur le haut de la montagne ? Et si c'était le cas, pourra-t-il la retrouver ? Elle devait se cacher quelque part, peut-être même dans une vieille écurie abandonnée, sans que personne ait remarqué sa présence. Avec ce froid, les gens se cloîtraient très tôt chez-eux et ne sortaient que pour de menus travaux ou pour une urgence. Le jeune homme se dirige vers un plan d'eau qui semblait gelé. Il écarte de ses deux mains la couche de glace qui en recouvrait la surface et s'asperge le visage de son eau glaciale. Ce geste le réveille complètement de sa torpeur. Il prend un pan de son burnous et se met à s'essuyer. Tout à coup, il sentit une présence derrière lui. Il fait volte-face et se retrouve nez à nez avec un vieil homme qui semblait sortir de nulle part. Belkacem le salue et l'homme lui rendit son salut et lui souhaite la bienvenue tout en le dévisageant. - Qui es-tu étranger ? Lui demande-t-il après un moment de silence. Belkacem se racle la gorge : - Je ne suis pas aussi étranger que tu le pense vénérable vieillard. Je suis juste un voisin, j'habite le village D… qui se trouve de l'autre côté de la forêt. Le vieil homme hoche la tête : - Bien. Mais cela n'explique pas ta présence matinale dans notre village. Belkacem se frotte le menton. Doit-il parler tout de suite à cet homme de ses préoccupations.. ? Doit-il lui avouer qu'il était là à la recherche de sa sœur ? Prudence… Prudence, lui lançait la voix de la raison. Belkacem, dont le visage ne dévoilait aucun tracas, sourit avant de répondre à son interlocuteur : - Est-ce de cette manière que vous accueillez les étrangers dans votre village ? Le vieillard le dévisage encore puis sourit : - Tu as raison jeune homme. Il n'est point dans nos mœurs de recevoir les étrangers de cette manière. Mais je suis surpris de te rencontrer de si bon matin. Le village est encore plongé dans le sommeil et le froid n'incite pas trop à sortir. - Tout à fait. Mais je ne suis que de passage. Je voulais juste me laver et prendre un peu de repos. J'ai marché une bonne partie de la nuit. (À suivre) Y. H.