Résumé : Zouina tente de minimiser les dégâts, en faisant les éloges de ce prétendant “surprise” qui en quelques heures a eu le privilège de se faire accorder la main de Ghenima. Zouina rajoute, comme pour amadouer sa fille, qu'elle était la plus belle du village. 23eme partie Ghenima hausse les épaules : - La beauté physique n'est pas toujours fiable, tu le sais bien mère. C'est un peu comme cet arbre qui cache la forêt. Ce qui compte le plus, c'est plutôt la pureté de l'âme et l'éducation. Une fille bien éduquée, vaut mille fois mieux qu'une beauté sans aucun savoir-vivre, ni aucune éducation. Ma vie durant, je n'ai cessé d'écouter ces conseils, pour les suivre à la lettre. Pourquoi tentes-tu donc de fuir ma question ? J'ai bien le droit de savoir qui est ce prétendant. Zouina hoche la tête d'un air triste : - Oui ma fille, mais il se trouve que tes frères ne sont pas au courant de ce projet, et ton père compte réunir toute la famille dans la soirée, et à ce moment-là, tu sauras qui est ton futur mari. - Je n'ai pas encore donné mon accord, et tu parles déjà d'un futur mari ! Zouina se mordit les lèvres : - Je pense que ton père s'est engagé. Tu sais ce que vaut la parole d'un homme dans notre société, il a jugé que l'heure est venue pour toi de fonder ton propre foyer. Et tout comme dans nos coutumes, quand un homme s'engage il ne peut plus se retirer, ton paternel a jugé cette fois-ci, nécessaire de trancher seul dans cette affaire. Moi-même je n'ai été mise au courant que ce matin. Ghenima sentit un couteau pénétrer dans son cœur. Non ! Son père ne peut tout de même pas la larguer ainsi sans la préparer, ni la prévenir. Elle repense à Mohand. Comment va-t-elle lui annoncer la nouvelle, et comment va-t-il réagir ? Ce mariage la prenait au dépourvu, et elle tenta de se lever, mais sentit ses jambes se dérober sous elle. Elle avait pâli, et son visage avait pris un aspect de cire qui la faisait ressembler à une momie. Zouina la retint au moment où elle perdit connaissance. Elle se met à hurler, et ses cris réveillèrent Zineb et Fatiha qui accoururent : - Que se passe t-il, pourquoi tous ces cris ? Elles comprirent vite que Ghenima s'est sentie mal, et que Zouina tentait de la réanimer. Fatiha courut ramener un verre d'eau et un linge mouillé. Elle tente de redresser Ghenima, pour lui faire boire quelques gouttes d'eau, avant de la rallonger et de s'asseoir auprès d'elle, afin de lui passer le linge frais sur le visage et les tempes : - Ghenima, Ghenima, comment te sens-tu ? La jeune fille entrouvrit ses yeux et se sentit toute étourdie. Puis la mémoire lui revint, et elle se rappelle la conversation qu'elle venait d'avoir avec sa mère. Elle se soulève et jette un coup d'œil à ses belles sœurs, puis se met à pleurer. De grosses larmes inondèrent bientôt son joli minois. Fatiha jette un regard interrogateur à Zineb, qui s'empresse de poser la question qui lui brûlait les lèvres : - Que s'est-il donc passé Yemma Zouina ? Pourquoi Ghenima est-elle dans cet état ? Zouina se tordait les mains. Devrait-elle mettre ses belles filles au courant du fou projet de Kaci ? doivent-elle savoir avant leur maris respectifs, que Ghenima va épouser Aïssa ? Tout compte fait, elle se dit que si elle doit annoncer la nouvelle à sa fille, autant le faire devant Zineb et Fatiha, peut-être sauront-elles la raisonner. Ce qui n'était pas du tout sûr, étant donné, qu'elles seront les premières à être choquées. (À suivre) Y. H.