Rien ne semble encourager les Algériens désireux de passer leurs vacances chez eux : ni les structures d'accueil défaillantes, insuffisantes et hors de prix, ni les personnels peu soucieux de leurs clients et souvent d'une insolence qui frise l'agressivité. Même l'espoir de camper loin de la foule, sans bourse délier, n'est plus qu'un souvenir chez les anciens. Partout les plages sont squattées par des gros bras, comme les trottoirs en ville et la chaussée pour le stationnement. Où que vous alliez, il vous faudra payer : pour entrer avec votre véhicule dans les environs d'une plage, on vous interdit de planter votre propre parasol pour vous forcer à louer à un tarif hors normes le parasol, la tente ou la chaise du " gérant ", souvent auto-proclamé des lieux. Ainsi, du côté de Cap Djinet, aux environs de Ouled Bounoua, où les voleurs de sable, sans que nul ne tente d'y mettre le holà, continuent leur besogne nuit et jour, dès le mois de mai, des individus, assurés de l'impunité, plantent des piquets avec du fil barbelé pour cerner la côte dans son ensemble et en faire payer l'entrée. Même chose du côté de la Cave, de Souanine, Sahel Bouberak. La plage de Takdempt n'est plus qu'un souvenir, car elle a totalement disparu sous les coups de pelle des pilleurs de sable. Toute la longueur de la RN24 du côté qui borde la mer, falaises ou plages, a été conquise par des squatters. À partir du Figuier et jusqu'à la wilaya de Béjaïa toute la côte a été quasiment privatisée, presque toujours indument, devant l'absence des pouvoirs publics. La loi des pilleurs de sable Une fois qu'on aura fait le tour des plages et constaté la saleté qui le dispute à la promiscuité, alors que sur les lieux règnent sans partage vendeurs ambulants ou gargotiers fixes, se proclamant pompeusement “restaurants familiaux”, on aura une vision assez exacte de ce que seraient nos vacances au cas où, par patriotisme économique, comme c'est dans l'air du temps, on déciderait de passer nos vacances en Algérie. Et pourtant, les plages autorisées à la baignade ne sont pas toutes exemptes de reproches. Ainsi, à Boumerdès, sur la plage principale débouche un ruisseau pollué. Au Figuier, jadis destination connue de quelques initiés algérois qui venaient y passer en famille des journées entières de farniente, une triste anarchie règne. De pseudos concessionnaires occupent les plages en y installant parasols et tentes. Ils contraignent les estivants à payer pour s'installer à l'ombre de leurs parasols et tentes, uniquement. Et gare aux récalcitrants qui prétendraient planter leurs propres parasols et guitounes ! Même si les inspecteurs du tourisme dépêchés par la wilaya de Boumerdès ont remis leurs rapports sur la question, les solutions sont loin d'être appliquées, et force est de constater que l'Etat semble avoir rendu les armes devant l'anarchie des “plagistes”, comme il a renoncé depuis longtemps face aux gardiens de parking en ville. Hôtels rares et chers Vers Zemmouri, à l'ombre des pins de la forêt récréative du Sahel, le nombre de squatters ne cesse d'augmenter d'année en année, avec les gargotes disséminées partout. Vers l'ouest, le complexe hôtelier Adim, qui donne sur la plage, dispose d'une clientèle fidélisée, de la même manière que le camp de toile géré par Farès qui, malgré l'époque encore assez inquiétante du “terrorisme résiduel”, au début des années 2000, rassemblait déjà une clientèle d'habitués qui réservaient dès le mois d'avril. En 2002, déjà, le loyer atteignait 75 000 DA/mois. Pour le même tarif, on pouvait passer plusieurs semaines en Tunisie, dans un hôtel convenable ou louer une maison, se restaurer et passer des vacances en paix, loin de la promiscuité et de la saleté. Les tarifs des hôtels algériens, comparés à ceux de nos voisins tunisiens et marocains, paraissent surréalistes. Au minimum, une chambre single est facturée dans un parfait boui-boui entre 2 000 et 5 000 DA la nuitée, parfois sans petit déjeuner. Quant aux hôtels classés, mieux vaut ne pas y penser pour les pères de famille salariés. Avec le projet de passer une journée à la plage, il faudra compter le problème des transports, qui réside principalement dans la qualité du service : dès la fin de l'après-midi, les bus disparaissent pour ne plus assurer le retour en ville. Seules les familles disposant d'un véhicule peuvent prétendre passer toute la journée au bord de la mer. Question repas, on aura le choix entre les fast-foods et les gargotiers habituels avec tous les risques qu'ils comportent en été. De même que boissons et glaces devraient être soigneusement contrôlées avant d'être consommées. Les familles seraient mieux inspirées de rapporter repas et boissons préparés à la maison pour éviter, parfois, le pire. Aux familles il restera les yeux pour pleurer ou à se rabattre sur les chalets octroyés aux sinistrés du séisme de 2003, tout au long de la RN24, soit une demi-douzaine de sites, entre Boumerdès et Dellys : leurs bénéficiaires les ont conservés même après avoir obtenu des logements. Ils les louent en moyenne 10 000 DA/mois durant l'été. Avec les chalets, il y a de plus en plus de maisons particulières qui sont louées par leurs propriétaires aux estivants durant les trois mois d'été. Loyer minimum pour une à deux pièces, cuisine, douche, eau courante, électricité : 10 000 DA/mois. Quant aux écoliers, ils bénéficient de facilités accordées par le ministère de l'Eduction et celui de la Jeunesse et des Sports qui leur offrent l'hébergement dans les établissements qui dépendent de leurs prérogatives : Maisons de jeunes et auberges de jeunesse, et autres établissements scolaires mis à la disposition des écoliers et enfants du Sud, ou de l'intérieur du pays, pour des sessions de 10 à 15 jours.