Si on ne le fait pas, cela revient à admettre qu'un pilote d'Air Algérie met sur le grill sa licence de pilotage tous les six mois pour avoir la permission de voler alors qu'une hôtesse de l'air peut voler 30 ans sans qu'elle soit requalifiée une seule fois ! Comment garder le cap dans une bourrasque ? N'importe quel pilote a sa propre théorie sur la question. Le P-DG d'Air Algérie semble également avoir la sienne en ne sacrifiant pas l'équilibre de la compagnie au chantage d'un syndicat. Parfois en pleine crise, des prémices d'un changement de mentalité sont perceptibles. Comme on dit, à toute chose malheur est bon ; la nouvelle direction d'Air Algérie a inauguré une nouvelle façon de procéder où le client/passager est au cœur des attentions. Affrètements d'avions, placards du P-DG s'excusant publiquement auprès des passagers algériens, étude d'un dédommagement de ces mêmes passagers, tout semble se faire avec le souci de ne plus traiter les passagers d'Air Algérie comme du “bétail”. Ce qui est une excellente chose. Mais face à ces mutations, les surenchères ne sont jamais absentes. Le syndicat PNC, qui veut profiter de la vague des syndicats “libres et autonomes” développe une logique qui fait craindre le pire sur l'équilibre d'une compagnie déjà assez déstabilisée jusqu'ici. La notion d'intérêt général étant élaguée, ce syndicat semble vouloir peser sur les négociations mais surtout sur le fonctionnement futur d'Air Algérie. Ce qui est une question stratégique qui concerne avant tout les décideurs. Car comment expliquer que le PNC veut se doter d'une direction alors qu'il en existe deux déjà (opération et exploitation) et qu'il doit être sous la coupe de l'une d'entre elles. Une expérience de ce type a déjà été tentée avec Khalifa Airways quand le PNC avait le pouvoir de décider et qui avait abouti à l'incohérence suprême, qu'un chef de cabine peut décider qu'un avion décolle ou pas contre l'avis du seul maître à bord : le commandant de bord. Comment accepter un statut qui risque de conférer au PNC qu'il soit le rouage essentiel d'une compagnie, en contradiction avec les standards internationaux, en faisant fi des pilotes, des mécaniciens, des logisticiens, du personnel du Fret et autres éléments indispensables s'il en est. Comment enfin admettre des augmentations de salaires, aussi folles soient-elles, si on ne les accompagne pas d'un minimum de contrôle sur le métier de PNC : assurer le service minimum en cas de conflit, imposer les qualifications draconiennes, légiférer sur le temps de vols obligatoire, imposer des recyclages cycliques, des remises aux normes internationales, éliminer le piston “des concours et dans le recrutement” et un contrôle strict des activités annexes qui doivent être conformes avec l'image que la compagnie veut véhiculer. Si on ne le fait pas, cela revient à admettre qu'un pilote d'Air Algérie met sur le grill sa licence de pilotage tous les six mois pour avoir la permission de voler alors qu'une hôtesse de l'air peut voler 30 ans sans qu'elle soit requalifiée une seule fois ! C'est pour ces raisons et bien d‘autres que le conflit à Air Algérie est un non-sens et que les pouvoirs publics ne doivent pas traiter cette question comme une banale affaire syndico-professionnelle, mais mettre à l'abri le pavillon national de toute tentative de déstabilisation à l'aube de la signature de l'Open Sky qui risque de fragiliser la compagnie face à la concurrence internationale et low coast. C'est à ce prix qu'Air Algérie redeviendra un leader régional. Ce qui est le véritable enjeu de cette crise.