Menacés par la CPI, les membres de l'UA contestent la CPI, menaçant de créer l'équivalent en Afrique ! Jean Ping, le commissaire de l'Union africaine s'insurge contre la Cour pénale internationale qu'il juge anti-africaine. Depuis le dernier sommet africain en Guinée équatoriale, l'ex-chef de la diplomatie gabonaise n'arrête pas de vociférer. Lui, d'habitude, très mesuré, littéralement, il explose s'agissant de la CPI : “Nous sommes contre la manière dont la CPI fonctionne !” Il s'en est pris frontalement à Luis Moreno-Ocampo, le boss de l'institution juridique internationale reconnue par 123 pays mais ratifiée par moins d'une cinquantaine seulement. Selon le Gabonais, ce magistrat ne s'intéresse qu'à l'Afrique. “Il ne juge et ne condamne que des Africains.” “N'y a-t-il pas de problèmes et de criminels en Afghanistan, au Pakistan, à Gaza, au Sri Lanka, en Tchétchénie, etc. ?” se demande le commissaire africain. De ce point de vue, il n'a pas tort du tout. Moréno-Ocampo n'a dans ses mailles que des Africains. Etrange ! Après le président soudanais dont on sait aujourd'hui que la division du Soudan en deux pays distincts n'aurait pas été possible sans le harcèlement de la CPI qui a demandé son inculpation pour crimes contre l'humanité et génocide au Darfour, ce fut au tour de Kadhafi de tomber sous le coup d'arrêt du même acabit. La CPI a, le 27 juin dernier, émis des mandats d'arrêt à l'encontre du dirigeant libyen, des son fils Saïf El-Islam et de son chef des services de renseignement, Abdallah El-Senoussi, pour crimes contre l'humanité. Cette décision, qui fait suite à la saisine du Conseil de sécurité des Nations unies en février 2011, a constitué la goutte d'eau qui a fait déborder le vase au sein de l'UA, ses membres se sentant d'autant plus menacés qu'ils sont loin d'être des exemples de gouvernance et respect des droits de l'homme. Alors, pour contrer la CPI d'Ocampo, “hostile” aux Africains, Ping propose la création d'une Cour africaine de justice. D'ailleurs, selon Ping, il ne reste plus que la ratification des textes par les chefs d'Etat. Mais l'UA a-t-elle les moyens de son projet ? Une telle initiative sonnerait inéluctablement le glas de la coopération Nord-Sud. Dans cette perspective, les dirigeants africains pourront-ils se passe de leurs bailleurs de fonds que sont les pays d'Europe qui ont fait effectivement de la CPI un cheval de Troie ? Certainement, l'UA compterait sur la toute-puissante Chine, qui n'a que faire de Moreno et de sa cour, pour l'accompagner dans cette aventure. Mais Pékin acceptera-t-elle pour autant de délier les cordons de la bourse ?