Ce qui s'est passé, avant-hier, met en avant la montée de formes de terrorisme que personne ne voulait voir : celle de l'extrême-droite et celle du fondamentalisme religieux. L'horreur a frappé la Norvège avant-hier. Une explosion et une fusillade sont venues ébranler un pays que le terrorisme semblait avoir mis sur la liste des “oubliés”. Le bilan provisoire établi par la police norvégienne, hier après-midi, donnait le chiffre macabre de 92 morts. Sept parmi ces victimes sont mortes suite à l'explosion survenue dans la capitale Oslo. Elle a endommagé les sièges des ministères des Finances et du Pétrole et a soufflé les vitres du bureau du Premier ministre Jens Stoltenberg (absent au moment de l'explosion). Les 87 autres ont été victimes de la fusillade survenue lors d'un rassemblement de jeunes partisans du Parti travailliste au pouvoir, sur l'île d'Utoya près de la capitale. Un double attentat, particulièrement meurtrier, qui ne va pas sans ébranler de nombreuses certitudes. Et pour plusieurs raisons. Il y a avant tout le profil du premier suspect. Cette fois, point de mouvement islamiste. Le premier suspect arrêté n'a rien d'un basané, venu du Sud “propager la terreur en Occident”. Il est blond, il est décrit par la police locale comme un “fondamentaliste chrétien”, et son nom est des plus scandinaves qu'il soit. Point d'islamiste incrusté quelque part. Anders Behring Breivik, 32 ans, est accusé d'être l'auteur de la fusillade de l'île d'Utoya. Il est présenté par les médias norvégiens comme quelqu'un qui a fréquenté des mouvements d'extrême-droite et qui n'avait jamais caché ses convictions. Ses fréquentations nazies, il s'en est vanté même, et cela ne date pas d'hier. Il contribuait ainsi par des interventions sur un site participatif norvégien entre juillet 2009 et octobre 2010. Un de ses commentaires est des plus édifiants sur son profil : “D'ailleurs l'islam(isme) a historiquement mené à 300 millions de décès. Le communisme a historiquement mené à 100 millions de décès. Le nazisme a historiquement mené à 620 millions de décès.” Cependant beaucoup de questions restent en suspens. Il y a l'auteur (ou les auteurs) de l'explosion d'Oslo qu'il reste à connaître. Cette “réalité” est venue ouvrir les yeux au monde entier que le terrorisme n'épargne personne. Nul n'est à l'abri d'un acte odieux. La Norvège, n'est-ce-pas ce même pays qui a été considéré, en 2007, par “Global Peace Index”, comme le pays le plus en paix du monde ! Ce qui s'est passé avant-hier met en avant la montée de formes de terrorisme que personne ne voulait voir : celle de l'extrême-droite et celle du fondamentalisme religieux. Ça ouvre les yeux aussi à tous ceux qui ne cessent à jamais de lier l'islam à la violence. Pourtant, l'histoire est là, les attentats d'Oslo, c'est juste un rappel que l'extrémisme religieux n'est pas uniquement “tributaire” des pays du Sud. Aussi, le terrorisme de l'extrême-droite n'est pas nouveau en Occident. Celui perpétré en 1995 aux Etats-Unis est encore “frais”. N'était-ce pas un militant américain d'extrême-droite, un certain Timothy McVeigh, qui avait tué 168 personnes en faisant exploser un véhicule piégé devant un bâtiment fédéral d'Oklahoma City ! Cette fois, c'est le Vieux Continent qui s'y “frotte”. ça dépasse le stade de passages à tabac ou d'attaques à l'arme blanche envers les étrangers. Les polices se sont tellement concentrées sur les réseaux terroristes islamistes, qu'elles en avaient oublié de voir à côté. Le “choc des civilisations” de Samuel Huntington est passé par là. Les politiques extérieures des pays occidentaux envers les pays du Sud, surtout musulmans, ne pouvaient donner que des retombées sur les populations locales. La montée des partis d'extrême-droite dans toute l'Europe en est une des illustrations. Certains n'hésiteront pas à conclure qu'à force de stigmatiser l'étranger, il ne faut pas être surpris des “dégâts collatéraux...”