La calligraphie est cet art de bien former les caractères d'écriture. Si en Europe elle est associée à l'histoire de l'écriture, dans la culture arabo-musulmane, elle est une des composantes“les plus caractéristiques des arts de l'Islam”. Au fil des ans et des siècles, elle a connu un développement et un essor considérables. C'est ce qui est constaté de prime abord quand on visite le 3e Salon international de la calligraphie abrité par le Musée national de l'enluminure, de la miniature et de la calligraphie au Palais Mustapha-Pacha (Basse Casbah), du 26 juillet au 3 août. D'habitude, ce salon se tient au mois d'octobre, mais exceptionnellement pour cette année, il a été avancé pour marquer l'ouverture de la manifestation qu'organise l'Algérie : Tlemcen capitale de la culture islamique, en avril dernier. Et pour une meilleure visibilité, le commissariat de ce salon a décidé d'accrocher les œuvres exposées à Tlemcen dans le mythiques palais de la Casbah. En effet, ce ne sont pas moins d'une quinzaine de pays, outre l'Algérie, à avoir pris part à la troisième édition de ce salon : Tunisie, Maroc, Irak, Iran, Liban, Jordanie, Turquie, Yémen, France, Soudan, Arabie Saoudite, Belgique, Inde, Chine, Etats-Unis, Egypte. Quand à notre pays, il a connu une forte participation avec des calligraphes nationaux venus des quatre coins de l'Algérie. “Une manière d'encourager le style maghribî (usité en Andalousie et au Maghreb), lui redonner son ancien cachet et sa place qu'il avait avant”, déclare M. Mustapha Belkahla, directeur du Musée national de l'enluminure, de la miniature et de la calligraphie. Plus d'une soixantaine d'œuvres sont accrochées dans trois pièces, au premier étage, dudit musée. Une palette de propositions variées et riches. Un tableau fait oublier l'autre. Sans exagération aucune, ce ne sont pas juste des tableaux qui sont exposés, mais de véritables bijoux ; dénotant par la beauté et la qualité de l'exécution ainsi que par l'originalité, de certains. Dans ce florilège plastique, les Iraniens, fidèle à leur réputation, ont brillé par des propositions calligraphiques très “modernisées”. Avec Mohebi Sheikhlari Alireza, Rezaei Sheikhlabi Soramy ou Elaheh Khatami (une femme calligraphe), on n'est pas lus dans la reproduction de versets coraniques ou dans le dessin de mots, c'est l'éclatement de l'écriture, et de la vision. Chacun de ces artistes propose, à sa vision de cet art de l'écriture, recourant au volume. C'est un entrelacement des lettres, des lignes. À rappeler que cet éclatement est également visible au niveau des couleurs, ce n'est plus le noir ou l'ocre, mais c'est le vert d'eau, le bleu turquoise… Une note de fraîcheur, de luminosité. De leurs côtés, les participants algériens n'ont pas démérité. D'une part, sur les huit prétendants au concours, cinq ont été lauréats, une première depuis la création de ce salon. D'autre part, ils ont su allier, eux aussi les deux entités : l'ancien avec le moderne. Donnant libre cours à leur imagination d'un côté et à leur vision artistique de l'autre, ils ont participé avec des compositions démontrant l'intérêt dont jouit l'art de la calligraphie en Algérie. Taleb Mahmoud, El-Aidi Tayeb, Kaci Karim, Kour Nourreddine, Kadri Abdlehafid, Maradji Mohammed, et bien d'autres, ont exposé de véritables toiles de peinture ayant pour support ou essence la calligraphie. Un génie de créativité est décelable au premier regard, attestant que l'Algérie peut participer aux différents Salons de calligraphie sans rougir.