Lorsqu'à la fin de l'année dernière, commençaient les émeutes en Tunisie, nul ne s'imaginait que l'un des Etats les plus répressifs du monde allait être décapité avec la fuite, quelques semaines plus tard, le 14 janvier exactement, du dictateur qui avait fait main basse avec son clan, 23 ans durant, sur le pays. Euphorique, la presse occidentale, en particulier les titres français, baptisèrent “Révolution du jasmin” le soulèvement tunisien couronné d'un succès aussi rapide qu'inespéré. Il était tout aussi difficile de s'imaginer que la rue égyptienne allait avoir raison de son raïs tout-puissant au bout de quelques jours seulement, même si cela a coûté un millier de morts. Le 11 février, en effet, Hosni Moubarak jetait l'éponge. La contagion s'est alors installée et le monde arabe est entré en ébullition. Le Yémen, Bahreïn, la Libye puis la Syrie, mais aussi le Maroc tentèrent ou tentent encore leur révolution avec des fortunes diverses. L'on parla alors de “printemps arabe”. Pourtant, ni en Tunisie ni en Egypte, ni encore moins en Libye et en Syrie, pas plus que dans les autres contrées arabes, la situation n'évoque l'émanation de la poésie reposante propre aux printemps méditerranéens ni, surtout, l'odeur enivrante du jasmin en fleur…