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Les Tunisiens parient sur la chute du système
De «la révolution du Jasmin» à la révolution tout court
Publié dans La Tribune le 25 - 01 - 2011

Dans un entretien au journal français le Figaro, le ministre tunisien des Affaires étrangères, M. Kamel Morjane, a plaidé pour «un retour à la normale» dans son pays pour que la «révolution du Jasmin porte ses fruits», au moment où des manifestants appelaient hier au départ du gouvernement d'union nationale dont il fait partie. «Un retour à la normale au plus vite ! C'est pourquoi nous rouvrons cette semaine les écoles et les universités. Les slogans, c'est beau, mais il faut se remettre au travail, préparer les élections, relancer au plus vite l'activité économique», a souligné M. Kamel Morjane. Interrogé sur la capacité du cabinet de transition à tenir face à la contestation, il a répondu : «Je l'espère. Je suis sorti enthousiaste du premier Conseil des ministres. Le débat y était animé, vivant. Chacun s'est exprimé ouvertement. C'était inédit.» «Maintenant, si l'intérêt du pays en décide autrement, j'en prendrai bonne note. Ma seule crainte, c'est que le pays sombre dans le chaos», a cependant indiqué M. Morjane, qui a rappelé avoir déjà annoncé sa démission du bureau politique du RCD (ex-parti au pouvoir). «Quant au parti lui-même, je reste fidèle à ses valeurs d'origine. Le RCD, c'est une histoire, une famille politique, née du mouvement destourien qui a œuvré pour l'indépendance du pays», a-t-il ajouté, signalant qu'il «ne tient pas absolument à rester au gouvernement» et qu'il veut mettre ses «compétences à profit». «Aujourd'hui, ce qui me préoccupe le plus, c'est que cette révolution porte ses fruits. Nous devons travailler tous ensemble pour bâtir l'avenir [...]», a affirmé le chef de la diplomatie tunisienne. Evoquant les «risques» qu'encourt son pays en pareille conjoncture, il a estimé que «lorsqu'un système reste fragile, il peut être récupéré par n'importe qui». «Nous devons également tenir compte du contexte géopolitique de notre région, où opèrent des éléments extrémistes de type El Qaïda», a-t-il ajouté. Invité à dire s'il soutenait l'amnistie annoncée par le gouvernement pour les opposants, dont le parti islamiste Ennhada, M. Morjane a indiqué que celle-ci est «une sensibilité qui existe dans notre société et il faudra en tenir compte». «Nous devons bannir toute forme d'exclusion et assumer toutes les tendances, sinon ce vaste mouvement populaire et démocratique n'aura servi à rien», a-t-il dit. C'est donc ainsi que se présente la situation en Tunisie et c'est ainsi qu'elle risque de le rester pour des raisons objectives qu'impose la nécessité pour le pays de fonctionner, les intérêts internationaux et des enjeux géopolitiques à ne pas négliger. L'aspiration des Tunisiens à un changement de régime et à une ouverture démocratique qui permette aux différentes opinions de s'exprimer est en train de se réaliser. Mais la volonté des manifestants de changer de système commence à remettre en cause des intérêts et des enjeux qui semblent être plus têtus que la rue.
La rue a deux adversaires, Ghannouchi et la France
La Tunisie indépendante est le produit, certes, d'une lutte populaire menée par le Doustour depuis 1920, mais le système politique, social et économique a été mis en place par la France qui a gardé une mainmise sur le pays d'autant plus que l'Elysée a misé sur Ben Ali jusqu'à la dernière minute, mais qu'elle l'a vite lâché afin de ne pas perdre la Tunisie. La France a lâché Ben Ali, mais pas le système tunisien. D'ailleurs, selon bon nombre d'observateurs, l'ombre de Ben Ali plane toujours sur la Tunisie. La démission des figures de l'ancien régime du RCD ne modifie en rien la donne, d'autant plus que ce sont les hommes qui font et défont les partis et non l'inverse. Le RCD n'était qu'un instrument d'endoctrinement, d'embrigadement et d'attraction de la clientèle dont le régime avait besoin. Le gouvernement d'union nationale dominé par les anciens du régime Ben Ali fédère toutes les forces politiques et toutes les catégories sociales contre lui. Hier, des milliers de manifestants ont sillonné les rues de Tunis pour exiger le départ de Ghannouchi et de son cabinet. Les manifestants qui revendiquent depuis une semaine la démission du gouvernement d'union nationale, en raison de la présence controversée dans ses rangs de caciques de l'ancien régime Ben Ali, ont vu à nouveau leurs rangs grossir. De quelques centaines à l'aube, ils sont devenus à nouveau des milliers - «entre 3 000 et 5 000» selon un militaire - en début d'après-midi à protester sur l'esplanade de la Casbah, près du palais où travaille le Premier ministre Mohammed Ghannouchi. «La Casbah, c'est la Bastille de la Tunisie et on va la démonter, comme les sans-culottes français ont fait tomber la Bastille en 1789», promettait un manifestant. D'autres cortèges, auxquels se sont joints notamment des lycéens, ont défilé avenue Habib-Bourguiba, l'artère principale de la capitale. Tôt, près des bureaux du Premier ministre, à l'endroit où ont campé toute la nuit malgré le couvre-feu de jeunes ruraux arrivés la veille de la région de Sidi Bouzid, foyer de la «révolution du Jasmin», des heurts ont opposé la police à des groupes de manifestants. Des policiers anti-émeute ont tiré des gaz lacrymogènes contre des manifestants qui leur lançaient des pierres, alors que d'autres policiers tentaient d'exfiltrer des fonctionnaires du siège du gouvernement. Plus tard, un groupe a totalement saccagé une voiture de police vide dans une rue voisine, après s'être précipité sur des personnes qu'ils avaient prises pour des membres du gouvernement entrant dans un bâtiment officiel. A chaque fois, les militaires, très populaires pour avoir refusé de tirer sur la foule avant la chute de Ben Ali, ont fait barrage entre protestataires et policiers. Après un week-end de mobilisation anti-gouvernementale, hier lundi devait tester l'évolution du rapport de force entre la rue et le gouvernement, qui table sur un hypothétique essoufflement de la contestation populaire. Ses efforts pour remettre le pays sur les rails ont d'entrée été plombés par une «grève illimitée» des instituteurs, réclamant eux aussi le départ des anciens ministres de M. Ben Ali, en ce jour de reprise officielle des cours dans les maternelles, le primaire et pour les lycéens de classe terminale. «Selon nos informations, le mouvement est suivi à 90-100% dans tout le pays. Il n'y a que quelques rares cas d'enseignants non grévistes», a assuré le secrétaire général du Syndicat national des enseignants du primaire, Hfayed Hfayed. Le gouvernement n'a pas immédiatement donné d'estimation. Cette grève a provoqué la grogne de nombreux parents. «Cette grève est irresponsable, on prend nos gosses en otages», s'emportait Lamia Bouassida devant l'école primaire de la rue de Marseille à Tunis. Dans la banlieue de Tunis, à Mourouj, quelques parents ont insisté pour faire admettre leurs enfants dans les salles de classe, dénonçant «une grève politique». Une conférence de presse du ministre de la Justice, Lazhar Karoui Chebbi, prévue sur les enquêtes visant le clan Ben Ali et celui de son épouse Leïla Trabelsi, a par ailleurs été reportée à une date non précisée. A l'étranger, le président français Nicolas Sarkozy, très critiqué pour sa réserve lors de la «révolution du Jasmin», a reconnu que la France n'avait «pas pris la juste mesure» de la situation. «Derrière l'émancipation des femmes, l'effort d'éducation et de formation, le dynamisme économique, l'émergence d'une classe moyenne, il y avait une désespérance, une souffrance, un sentiment d'étouffement dont, il nous faut le reconnaître, nous n'avions pas pris la juste mesure», a-t-il reconnu. La «révolution du Jasmin» a donné une «leçon» à l'Union européenne et aux Etats-Unis sur leurs rapports avec des dictatures, a pour sa part estimé le directeur général de Human Rights Watch, Kenneth Roth. «Nous avons été particulièrement déçus par la réaction de la France», qui «n'a appuyé les manifestants que quand le président Zine El Abidine Ben Ali était pratiquement sur le départ», a-t-il critiqué, jugeant que les Etats-Unis, dont le président Barack Obama a pris «clairement le parti de la démocratie», ont «été meilleurs».
Washington s'intéresse à la Tunisie
Selon certains rapports secrets, Ben Ali est le pur produit des Etats-Unis. Ces derniers ont vite compris que leur dauphin était sur la pente raide, d'où la réaction du département d'Etat qui a valu à l'ambassadeur de Washington à Tunis d'être convoqué. «Les autorités tunisiennes expriment leur étonnement suite à la déclaration du porte-parole du département d'Etat du 7 Janvier, et ce, malgré les précisions données par les autorités tunisiennes. Nous sommes surpris par le contenu de cette déclaration faite sur la base d'informations recueillies auprès d'éléments hostiles, sans vérification ni consultation avec les autorités officielles», souligne la Tunisie. Et d'affirmer : «Nous tenons, à cet égard, à souligner de nouveau que toutes les libertés, y compris la liberté de rassemblement, sont garanties par la Constitution et la loi en Tunisie. Les rassemblements n'ont jamais été interdits ni gênés lorsqu'ils sont pacifiques et non violents. Les évènements enregistrés ces derniers temps dans quelques régions ont pris, dans certains cas, un caractère violent, face auquel une réaction légitime s'est imposée pour préserver l'ordre public, la sécurité des citoyens et la protection des biens publics et privés», souligne encore la Tunisie. De son côté, le département d'Etat a convoqué vendredi 14 janvier, le jour de la chute de Ben Ali, l'ambassadeur de Tunisie à Washington. Les Etats-Unis sont «préoccupés» par les troubles sociaux en Tunisie et ont convoqué l'ambassadeur de ce pays, Mohamed Salah Tekaya, pour demander le respect des libertés individuelles, notamment en matière d'accès à l'Internet, a déclaré vendredi un haut responsable américain. «Nous avons fait venir l'ambassadeur de Tunisie hier, avons exprimé notre préoccupation à l'égard de ce qui se passe avec les manifestations et avons encouragé le gouvernement tunisien à faire en sorte que les libertés civiles soient garanties, notamment la liberté de rassemblement», a déclaré ce responsable sous le couvert de l'anonymat. «Nous avons aussi soulevé la question de ce qui ressemble à une ingérence du gouvernement tunisien dans Internet, particulièrement dans les comptes Facebook», a-t-il ajouté devant la presse. Cette réaction plus ou moins rapide de Washington lui a valu le respect de la rue tunisienne, contrairement à Paris qui a même hésité à refuser d'accueillir Ben Ali et sa famille.Pour les Tunisiens, il y a deux adversaires à abattre, le régime Ben Ali et son allié jusqu'au bout, la France. Est-ce la fin de la tutelle de la France sur la Tunisie ? La réponse n'est pas aisée, mais la compétition est ouverte entre Paris et Washington pour la préservation d'un système qui, jusque-là, a réussi à maintenir un certain équilibre entre les objectifs géostratégiques des Etats-Unis et les intérêts économiques et politiques français. La Tunisie, au même titre que le Maroc, n'intéresse pas Washington au plan économique. Cet aspect est la chasse gardée de la France qui a investi beaucoup en Tunisie, notamment dans le tourisme, l'industrie manufacturière et les services. Pour les Etats-Unis, ce sont les ports tunisiens qui les intéressent afin de garder leur suprématie militaire en Méditerranée.
A. G.


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