Suite à son décès vendredi à l'aube dans une clinique d'Hydra à l'âge de 93 ans, Abderrahmane Chibane, président de l'Association des ulémas, a été inhumé hier à Chorfa (50 km est de la ville de Bouira). L'enterrement a eu lieu en présence d'une foule nombreuse venue des quatre coins du pays pour rendre un vibrant hommage à cette figure emblématique connue pour son engagement patriotique et religieux. C'est une véritable marée humaine qui a déferlé sur la paisible localité de Chorfa, village natal cher au défunt qu'il visitait souvent même en sa qualité de ministre. Des milliers de personnes dont des ministres en poste tels que le ministre des Affaires religieuses, Ghlamallah, le ministre d'Etat, Abdelaziz Belkhadem, de la Formation professionnelle El-Hadi Khaldi, l'ex-Chef du gouvernement, Ali Benflis, l'ex-ministre des Affaires étrangères, Ahmed Taleb El-Ibrahimi, des présidents de parti Abou Djerrra Soltani (MSP), Djamel Abdeslam (El-Islah), Rebaïne (AHD54), des députés, Ahmed Maouche (RND), le wali de Bouira, Ali Bouguerra. Des ex-élèves et compagnons de guerre du défunt étaient là aussi pour le dernier adieu. Vers 14h30, le cortège funèbre qui avait démarré du siège de l'association à Alger arrive au domicile familial. C'est Cherif Chibane, frère du défunt, qui accueille le cercueil avant d'être rejoint par son frère Saïd Chibane, ex-ministre et professeur en ophtalmologie. Le corps a été transporté à l'intérieur de la maison comme le veut la tradition pour le dernier regard de la famille, des voisins et autres amis. Vers 16h, le défunt est conduit à sa dernière demeure, au cimetière Sidi-Amar Chérif. Ghlamallah lira l'oraison funèbre dans laquelle il évoquera le parcours du défunt. Les personnes interrogées étaient unanimes sur les valeurs humaines du défunt, de ses compétences et de son esprit unificateur. “Avant-hier, je l'avais rencontré à la clinique, nous avons parlé de l'Algérie et de ses perspectives”, témoigne Ali Benflis, l'ex Chef du gouvernement. Abou Djerra Soltani dira de lui qu'“il est le père de tous les Algériens” et qu'“il partageait une profonde amitié avec cheikh Nahnah. Nous demandions toujours son avis sur les questions nationales. Même lors de sa maladie, on lui rendait visite. Sa particularité est d'avoir toujours gardé son sourire accompagné de ses valeureux conseils. Il a laissé un grand vide”. Abdelhamid Amokrane, ex-ministre des Affaires religieuses, était un ami et compagnon de Abderrahmane Chibane. “C'est l'homme qui a consacré sa vie au service de l'Algérie”, dira-t-il. Pour sa part, Abdelaziz Belkhadem ne tarit pas d'éloges pour cheikh en disant : “Nous avons enterré aujourd'hui un érudit, une bibliothèque.” Bio portrait Cheikh Abderrahmane Chibane est né le 23 février 1918 à Chorfa (Bouira). Il a voué sa vie à l'enseignement des préceptes de l'Islam et des nobles idéaux prônés par cette religion. Elève de cheikh Abdelhamid Ben Badis à l'école de l'Association des ulémas, Abderrahmane Chibane a obtenu le diplôme de l'université Zeïtouna de Tunis en 1947. Le défunt a enseigné la littérature arabe à l'institut Abdelhamid-Ben-Badis de Constantine, au sein duquel il était considéré comme l'un des meilleurs enseignants au regard de la richesse de ses connaissances. Membre très actif de l'Association des ulémas musulmans algériens, Abderrahmane Chibane, outre les articles qu'il publiait régulièrement dans le journal Al-Bassaer depuis les années 40, écrivait dans plusieurs autres publications de l'époque telles que Annadjah, El-Manar et Echou'la. Le défunt, qui a été aussi un membre fondateur de l'Académie internationale de théologie islamique, a contribué à la création de l'Institut des sciences islamiques d'Alger.