C'est une véritable histoire de fous que des fonctionnaires, des commerçants et autres cadres ont vécu à Blida. En effet, alors que la pression sur le logement se fait sentir au quotidien, un groupe d'escrocs, dont un employé exerçant à la Caisse nationale d'épargne et de prévoyance (Cnep), un autre à la Caisse nationale des assurances sociales (Cnas) et un escroc notoire, en l'occurrence Y. M. (38 ans) qui se faisait passer pour le directeur général de l'AADL de Blida, ont tissé une toile infernale. Alors que deux aigrefins sont chargés de réunir les dossiers et de délivrer les pièces administratives nécessaires pour accélérer la démarche, leur acolyte tient en haleine ses proies et contacte, au cas par cas, les “heureux bénéficiaires” pour collecter l'argent, à savoir la somme nécessaire pour que le dossier passe comme une lettre à la poste à l'AADL de Blida. Or, il n'y a rien de tout cela ! Le site et les logements finis sont au fait virtuels. Comme les imprimés, les demandes de logements et les ordres de versement. Il aura fallu que deux victimes se présentent à la Section de recherche de la Gendarmerie nationale (SRGN) du groupement de wilaya pour déposer une plainte. Et il aura fallu beaucoup de prouesses pour que les enquêteurs de la SRGN découvrent d'autres victimes pour les convoquer afin de pouvoir pister ces escrocs. D'ailleurs, le chargé de glaner l'argent monnayait chaque dossier de logement contre… 37 millions de centimes ! Alors que les logements AADL coûtent respectivement 1,4 million de dinars pour le F3 et 1,7 million de dinars pour le F4. C'est dire que les arnaqueurs ont recouru à de rares méthodes pour ramasser en quelques jours seulement 600 millions à titre de caution ! En ce sens, et après des investigations des officiers de la SRGN, des accusés de réception, des ordres de versement sur le compte de la BNA et des affectations sur site ont été retrouvés par les enquêteurs. Mieux, pour faire vrai, les escrocs remettaient les clés des logements… virtuels à leurs victimes. La perquisition de domicile des trois malfaiteurs a abouti à la récupération de 36 dossiers des victimes qui restaient à convoquer, deux clés restantes destinées à être remises aux “bénéficiaires” de logements, un acte de propriété, des certificats de résidence et des accusés de réception de l'AADL, évidemment tous falsifiés. Présentés devant le procureur de la République près le tribunal de Blida, deux mis en cause ont été inculpés alors que le troisième demeure toujours en fuite. Mais de là à croire qu'un logement AADL coûte 37 millions de centimes, il est à se demander si la tentation a des limites…