Rien ne sera plus comme avant pour la cause palestinienne, après le dépôt par Mahmoud Abbas d'une demande d'adhésion officielle aux Nations unies, laquelle semble avoir changé la donne de ce conflit vieux de 63 ans. Bravant les menaces américaines, Mahmoud Abbas est allé vendredi jusqu'au bout de son entreprise en déposant entre les mains de Ban Ki-moon le dossier d'adhésion de la Palestine à l'ONU. Son acte, très applaudi à l'Assemblée générale onusienne, n'a pas tardé à provoquer des réactions en chaîne dont l'effet ne peut être que positif pour la cause palestinienne. Se voyant isolé, le Premier ministre israélien a sollicité le jour même une rencontre avec Mahmoud Abbas, à laquelle ce dernier n'a pas donné suite. Après plusieurs mois de silence, le Quartette pour le Proche-Orient a mis moins de quatre heures pour réagir à la demande d'adhésion d'un Etat de Palestine à l'ONU, en présentant une offre détaillée de reprise du dialogue entre les deux parties en conflit. En effet, le Quartette a établi en un temps record un calendrier de négociations, tout en fixant surtout l'objectif d'un accord final au plus tard à la fin de l'année 2012. Il est donc prévu qu'Israéliens et Palestiniens se rencontreraient une première fois dans un mois pour établir “un calendrier et une méthode de négociations”, et prendre l'engagement d'aboutir à un accord définitif fin 2012 “au plus tard”. Les deux parties présenteraient ensuite “des propositions complètes d'ici trois mois” sur la sécurité et la question des frontières, et s'engageraient à “des progrès substantiels en six mois”. La déclaration du Quartette se réfère au discours de Barack Obama en mai dernier, dans lequel le président américain propose de négocier sur la base des frontières d'avant la guerre israélo-palestinienne de 1967, avec des échanges de territoire acceptés par les deux parties afin de tenir compte des évolutions depuis. Le Quartette, qui n'aborde cependant pas la question épineuse des colonies juives, ni la demande d'Israël d'être considéré comme l'Etat-nation du peuple juif, prévoit en revanche une conférence internationale à Moscou pour évaluer l'avancée des discussions, “au moment qui conviendra”. Les Palestiniens, qui ont appelé Israël à “saisir l'occasion offerte par le Quartette”, tout en présentant toutefois des conditions, semblent emballés par ce plan de relance des négociations, comme l'indique cette déclaration du négociateur Saëb Erakat : “Nous sommes prêts à prendre nos responsabilités (...) mais Israël doit prendre les siennes et arrêter la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.” Le vice-ministre israélien des Affaires étrangères, Danny Ayalon, a déclaré de son côté que “l'important dans la prise de position du Quartette, c'est qu'il ne pose pas de conditions à la reprise des négociations concernant la colonisation et les frontières (...). Mais le calendrier d'application n'est pas sacré”. Selon lui, tout va dépendre d'une acceptation par les Palestiniens d'“une reprise des négociations sans conditions préalables et sans menaces d'actions unilatérales”, en allusion à la démarche à l'ONU en vue de l'adhésion d'un Etat de la Palestine. Si des foules joyeuses de Palestiniens ont célébré, dans les grandes villes de Cisjordanie, la demande d'adhésion historique d'un Etat de Palestine présentée vendredi à l'ONU par le président Mahmoud Abbas, à Gaza le Hamas a confirmé son opposition à la démarche de l'Autorité palestinienne en interdisant toute manifestation.