Le pr�sident de l�Autorit� palestinienne, Mahmoud Abbas, aura incontestablement mis dans l�embarras la communaut� internationale, les Etats-Unis en t�te, en proc�dant, officiellement hier, au d�p�t d�une demande d�adh�sion de l�Etat de Palestine � l�Organisation des Nations Unies en tant que membre � part enti�re. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Le chef de l�OLP, qui venait de remettre la demande officielle au secr�taire g�n�ral de l�ONU malgr� les fortes pressions de ces derni�res semaines pour l�en dissuader, a prononc�, ensuite, devant l�Assembl�e g�n�rale onusienne un discours historique � tous points de vue. Le ton mod�r� du discours du dirigeant palestinien est du genre imparable. Tant par Isra�l que par Washington. L�administration am�ricaine aura certainement du mal � justifier le recours au veto au niveau du Conseil de s�curit� de l�ONU qu�elle avait pr�alablement annonc�, sans surprise d�ailleurs. Car comme il le d�clarait lui-m�me hier, Abbas et les Palestiniens font, � c�t� de cette demande d�adh�sion, �des concessions consid�rables �, ne r�clamant que 22% des territoires de la Palestine historique d�avant le 15 mai 1948. �J'ai remis au secr�taire g�n�ral Ban Ki-moon la demande d'adh�sion comme membre � part enti�re des Nations Unies de la Palestine sur la base des lignes du 4 juin 1967 avec J�rusalem-Est pour capitale�, annon�ait Abbas devant l�Assembl�e g�n�rale. Comme pour prendre � t�moin la communaut� internationale, Mahmoud Abbas pr�cisera imm�diatement apr�s que par cette d�marche, les �Palestiniens ne cherchaient ni � isoler, ni � d�l�gitimer Isra�l�. Jamais, depuis la cr�ation de l�Etat h�breu, les Palestiniens n�ont fait une telle concession consistant � �ne pas chercher � d�l�gitimer Isra�l�. Le pr�sident palestinien, fortement ovationn� durant son discours, accule fortement Isra�l et Washington en m�me temps qu�il isole le Hamas palestinien dont les positions maximalistes sont encore � des ann�es lumi�re du discours officiel de l�Autorit� palestinienne et de l�OLP. Extraordinairement mod�r�, Mahmoud Abbas ajoutera m�me que �nous (Palestiniens) sommes pr�ts � revenir imm�diatement aux n�gociations sur la base des r�f�rences fond�es sur le droit international (notamment les lignes de 1967, Ndlr) et d'un arr�t total de la colonisation �. Son intervention, suivie et fortement acclam�e par les Palestiniens des territoires occup�s et de la diaspora, conf�re � Mahmoud Abbas une l�gitimit� incontestable. Le mouvement islamiste Hamas n�a d�ailleurs pas tard� � s�en prendre � ce qu�il qualifie de �discours sans substance�. L�ent�tement isra�lien � poursuivre une politique effr�n�e de constructions de nouvelles colonies sur les territoires palestiniens sera particuli�rement d�nonc� par Abbas. Il accuse le gouvernement isra�lien d'avoir �sap� tous les efforts de paix� depuis un an et affirm� que la colonisation isra�lienne �tait �en train de d�truire une solution � deux Etats�. �Cette politique est en train de d�truire les chances d'une solution � deux Etats qui fait l'objet d'un consensus international et je mets en garde : cette politique de colonisation menace aussi la structure, voire l'existence de l'Autorit� palestinienne. � Autrement dit, le pr�sident de l�OLP met clairement en garde : faute de concessions r�ciproques, Isra�l aura affaire non pas � une OLP mod�r�e et dispos�e au dialogue, � la n�gociation et, donc, � la co-�xistence mais aux extr�mistes du Hamas qui n�admettent m�me pas l�id�e de reconna�tre l�Etat h�breu, un jour ! Sans se faire trop d�illusions sur l�issue de sa demande, que le veto am�ricain au sein du Conseil de s�curit� voue � l��chec avant m�me son traitement officiel, Mahmoud Abbas aura, au moins, r�ussi � d�poss�der Am�ricains et Isra�liens d�arguments de taille, d�sormais. Du reste, et r�ponse du berger � la berg�re, le Premier ministre isra�lien n�a pas tard� � affirmer que �ce sont les Palestiniens qui refusent de n�gocier�. Ceci, tandis que Washington fera savoir �qu�apr�s la fin des discours, il faudrait revenir � la table des n�gociations�. Soit retour � la case d�part.