C'est une offensive diplomatique de grande envergure que lance l'Autorité palestinienne. Après bien des compromis, et parfois des compromissions, Mahmoud Abbas va en effet tenter d'obtenir l'adhésion de l'Etat palestinien à l'Organisation des Nations unies. L'initiative est historique. La démarche de l'Autorité palestinienne aura au moins le mérite de redonner sa dimension internationale au conflit et de mettre le monde devant sa responsabilité. Une majorité d'Etats, sur les 193 que compte l'ONU, ont déjà fait savoir qu'ils appuieraient la demande. Mais deux énormes points restent en suspend : la position des pays membres de l'Union européenne et l'attitude des Etats-Unis. L'administration Obama a déjà annoncé l'usage du veto. L'attitude de défiance US sera embarrassante si les principales puissances européennes acceptaient l'adhésion palestinienne. Mahmoud Abbas est déterminé à aller jusqu'au bout de la procédure, au risque d'une confrontation avec les Etats-Unis. Abbas a personnellement informé le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, de son intention, en sa qualité de chef de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), de lui remettre vendredi la demande d'adhésion pour qu'elle soit soumise au Conseil de sécurité. Abbas a confié s'attendre à «des temps très difficiles après le 23 septembre», allusion notamment aux conséquences de la demande d'adhésion sur la relation avec les Etats-Unis. «Nous espérons que cette semaine débouchera sur un résultat dont nous pourrons nous servir pour faire avancer notre cause et nous rapprocher de notre rendez-vous avec la liberté», a déclaré le Premier ministre palestinien, Salam Fayyadh. Les Etats-Unis tentent de dissuader les Palestiniens de ce projet. Deux importants sénateurs américains ont écrit à 23 dirigeants africains pour leur demander de ne pas voter en faveur de l'initiative palestinienne. Washington redouble d'efforts pour convaincre les autres membres du Conseil de sécurité de ne pas apporter à la démarche palestinienne les neuf voix nécessaires (sur 15), ce qui leur éviterait d'avoir à recourir au veto. La position américaine parait antinomique un an après le discours du président Obama affirmant vouloir voir un Etat palestinien entrer à l'ONU en 2011. Les membres du Quartette tentent aussi, depuis des semaines, de revenir à des négociations, devenues alibis, arrêtées depuis fin septembre 2010. Israël, qui intensifie la colonisation, est isolé sur la scène internationale. La crise ouverte avec la Turquie et la pression de la population égyptienne en sont les éléments les plus visibles. L'Etat hébreu qui récuse catégoriquement la démarche palestinienne, appelle à «ouvrir des négociations directes.» Les palestiniens rejettent cette proposition, réaffirmant l'exigence de préalables, notamment l'arrêt total de la colonisation. Preuve de l'inquiétude d'Israël, Netanyahu sera à New York pour tenter d'atomiser la revendication palestinienne à la tribune de l'Assemblée générale. Selon un sondage, 83% des Palestiniens soutiennent la demande d'adhésion qui sera soumise ce vendredi à l'ONU. M. B.