Une fois n'est pas coutume : le patronat accorde ses violons avec l'Ugta concernant la revendication d'augmenter le salaire national minimum garanti, SNMG. Après la confédération algérienne du patronat (CAP), hier, c'était au tour du forum des chefs d'entreprise (FCE) de se joindre à l'idée d'élever le SNMG, à l'occasion de la prochaine tripartite prévue les 29 et 30 septembre. “Oui, nous sommes favorables à l'augmentation du SNMG, et ce, pour des questions sociales, des questions de rattrapage par rapport à des prix qui ont connu une ascension, et par rapport à des augmentations généralisées parvenues dans d'autres secteurs”, a, en effet, soutenu hier sur les ondes de la chaîne III de la radio nationale, M. Réda Hamiani, président du FCE. “L'invité de la rédaction” de la chaîne III souhaite, toutefois, que cette hausse soit “mesurée et qu'elle ne s'étende pas à toutes les catégories salariales”, expliquant que “l'augmentation du SNMG va peut-être pousser certaines entreprises à ajuster leur marge”. Or, dans le cas souhaité, M. Hamiani juge que “l'impact ne sera pas décisif compte tenu de l'actuelle grille des salaires où rares sont les entreprises qui payent au niveau du SNMG leurs employés de catégories inférieures (gardiens, agents de sécurité, femmes de ménage)”. Le président du FCE, qui participera pour la deuxième fois consécutive à la tripartite, précise à ce titre que “beaucoup d'entreprises ne peuvent pas supporter le surcoût des salaires, car elles ne sont pas en bonne santé financière. l'augmentation des salaires, qui représente un coût supplémentaire, va alourdir leur gestion et rendre plus difficile l'adaptation de leurs comptes d'exploitation, elles vont être éliminées par le marché puisque ces hausses vont être incluses dans les prix”. D'où son jugement que l'augmentation salariale est “un facteur aggravant” d'autant plus que “nous avons un marché envahi par l'informel”. Pourquoi ne pas opter pour la baisse de l'IRG au lieu d'augmenter le SNMG ? Dans sa réponse à cette question, M. Hamiani soutient que l'impact d'augmenter le SNMG sera “plus précis et plus direct” car il intéressera les bas revenus qui ne supportent pas l'IRG, ce dernier concerne plutôt la catégorie des salaires moyens. Il explique que “la baisse de l'IRG pour la classe moyenne va se traduire par un excès du pouvoir d'achat, mais étalée de façon plus indirecte”. Pour l'instant, le président du FCE juge qu'il faut être prudent sur cette question car, analyse-t-il, la baisse de l'IRG “va indirectement se traduire par une augmentation du pouvoir d'achat”. Ce pouvoir d'achat supplémentaire, explique-t-il encore, risque, d'une part, de peser sur un “dérapage des prix (tension inflationniste), alors que, d'autre part, cet excès de consommation créé par l'IRG en baisse peut également faire augmenter les importations. donc, c'est un pan entier de la fiscalité en recette qui diminue et qu'on va certainement combler par une fiscalité d'origine pétrolière qui est déjà à plus de 60%. Alors qu'en sera-t-il en cas de baisse du prix du baril de pétrole ? Comment réguler les équilibres fondamentaux ?” s'interroge-t-il. Le prélèvement sur les salaires couvrant 36% de fiscalité, M. Hamiani se demande : “pour quelle raison le fardeau pèserait plus sur les travailleurs que sur les commerçants ?”