Même quand Syrte tombera c'est une certitude, le terrain des affrontements est en train de se déplacer vers le Sud-Ouest libyen pas loin de nos frontières et celles de la Tunisie. Les incursions incessantes de loyalistes sont la preuve que cette zone sera le nouveau terrain de jeu de Kadhafi. Il semble bien que le “problème” Kadhafi ne fait que commencer. Traqué, pourchassé, l'ancien leader libyen est en train de reconquérir le terrain militaire et médiatique aidé par sa fille, Aïcha, qui semble avoir vite récupéré de son accouchement. Après l'euphorie de la libération de Tripoli et la parade folklorique du duo Sarkozy-Cameron à Benghazi, la situation sur le terrain évolue de manière assez compliquée pour les forces du CNT libyen et pour les stratèges de l'Otan. On ne s'attardera pas sur les déclarations de Aïcha Kadhafi qui vient de planter un couteau entre les deux omoplates de la diplomatie algérienne, ressentie jusqu'à New York par notre MAE Mourad Medelci. Ce dernier a promis qu'il va lui couper le sifflet. Il faut dire qu'en plein congé de maternité, la fille Kadhafi harangue les troupes de son père et donne des nouvelles triomphalistes du front loyaliste. Ce qui a tendance à faire désordre. Mais le plus important n'est pas dans les cris de guerre de la fille Kadhafi mais bien dans les pertes lourdes que subit le CNT sur le terrain, notamment dans le Grand-Sud libyen. En deux jours, le CNT a perdu une vingtaine d'hommes expérimentés suite à des attaques ciblées des forces loyalistes. Ce qui suggère une configuration militaire inédite. D'abord, il est à craindre que Kadhafi père et Seïf El-Islam, qui s'est également transformé en chef de guerre, n'aient bien décidé de proposer une guérilla active au CNT. Une riposte asymétrique qui perturbe le dispositif de l'Otan qui voit apparaître l'émergence de groupes mobiles, surarmés et rompus au désert qui sont en train de reprendre l'avantage du terrain. Ensuite, le fait que le CNT, plus préoccupé à récupérer les milliards gelés à l'étranger qu'à former un gouvernement crédible, est en perte de vitesse politique. Les divisions grandissent entre les différentes tribus, les chefs de guerre, les jihadistes du GICL, les démocrates pro-Occident et les anciens kadhafistes repentis. Cela donne un joli foutoir qui est en train de profiter à Kadhafi sur le terrain. Enfin, et même quand Syrte tombera, c'est une certitude, le terrain des affrontements est en train de se déplacer vers le Sud-Ouest libyen pas loin de nos frontières et celles de la Tunisie. Les incursions incessantes de loyalistes sont la preuve que cette zone sera le nouveau terrain de jeu de Kadhafi. Et sur ce plan, il est à craindre que le dictateur déchu ne fasse des alliances dangereuses avec Aqmi ou un groupe satellite d'Al-Qaïda. Ainsi, le conflit libyen est loin d'être soldé comme le laisse penser Washington, Paris ou Londres. Kadhafi sera le nouveau “Ben Laden” du Sahel et peut entraîner dans son sillage toutes les tribus déçues ou massacrées dans la région comme une partie des Touareg revanchards après que l'Otan eut bombardé leurs villes. Une situation qui a de quoi donner de la voix au clan Kadhafi même à une maman convalescente.