La menace que représentent les missiles sol-air disparus en Libye, et dont le nombre serait de 10 000 unités, est plus que jamais d'actualité, selon une source au sein de l'Otan, qui pense que l'aviation civile est en danger dans la région. L'affaire des missiles sol-air, dérobés des arsenaux de l'armée du colonel Kadhafi depuis le déclenchement de la révolte contre son régime, revient au-devant de la scène avec les déclarations d'un haut responsable militaire de l'Otan, cité hier par le site Internet de l'hebdomadaire allemand Der Spiegel, qui révèle que le nombre de ces missiles est d'au moins 10 000. Ainsi, le président du Comité militaire qui regroupe les chefs d'état-major des pays de l'Otan, l'amiral Giampaolo Di Paola, a exprimé les inquiétudes de l'Otan aux députés allemands lors d'une réunion secrète, a ajouté la même source. L'amiral a affirmé que “plus de 10 000 missiles sol-air, qui représentent une sérieuse menace pour l'aviation civile, pourraient sortir de Libye et se retrouver entre de mauvaises mains du Kenya à Kunduz” (Afghanistan). Il n'a cependant pas fourni de précisions sur le type et les capacités des missiles en question. Ce qui retient le plus l'attention est que le chiffre évoqué par l'amiral Di Paola est pratiquement le double de celui donné, samedi à Benghazi, par un responsable militaire du nouveau régime libyen, interrogé sur le risque que de telles armes, susceptibles de servir à des attentats contre des avions civils, tombent entre les mains d'Al-Qaïda. Pour rappel, le général Mohamed Adia, chargé de l'armement au sein du ministère de la Défense du Conseil national de transition (CNT), avait estimé à “environ 5 000 le nombre de SAM-7 toujours manquants et dans la nature”, tout en reconnaissant : “Malheureusement, il est possible que certains de ces missiles soient tombés entre de mauvaises mains (...) à l'étranger.” Plusieurs pays occidentaux se sont inquiétés de la dissémination de ces missiles sol-air de courte portée et de leur utilisation par des groupes terroristes, en particulier Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), contre des avions civils. Les états-Unis notamment ont fourni des experts et de l'argent pour démanteler les stocks existants. De nombreux stocks d'armes et de munitions de l'armée du colonel Kadhafi ont été pillés depuis février, au début de la révolution contre le régime Kadhafi, qui a également distribué une partie de ses armements à ses partisans en fuite. Quant au directeur de Human Rights Watch urgence, Bouckaert, il a été plus loin quelques jours auparavant sur la chaîne américaine CNN, en affirmant que le nombre de missiles avoisinait les 20 000. “Ces missiles peuvent atteindre plusieurs milliers de dollars sur le marché noir. Nous parlons de quelque 20 000 missiles sol-air sur toute la Libye, s'ils tombent entre de mauvaises mains, ils sont susceptibles de transformer toute l'Afrique du Nord en zone d'exclusion aérienne. C'est évidemment un grave problème de sécurité pour les lignes aériennes, mais aussi pour la population libyenne car comme nous l'avons vu en Irak, ces armes peuvent facilement être utilisées pour fabriquer des voitures piégées, pourquoi devons-nous recommencer encore les mêmes erreurs qu'en Irak ?” avait déclaré le responsable de HRW.