Washington ne recule devant rien pour faire plier les Palestiniens, coupables de l'avoir défiée en déposant au Conseil de sécurité de l'ONU la demande d'adhésion de leur Etat, comme l'indique cette décision de membres du Congrès US de bloquer une aide de 200 millions de dollars destinée à l'Autorité palestinienne. Voyant que leur menace d'user du droit de veto au Conseil de sécurité pour bloquer la reconnaissance d'un Etat palestinien n'a pas dissuadé Mahmoud Abbas de déposer la demande d'adhésion, les Etats-Unis passent à l'étape suivante en bloquant une aide économique aux Palestiniens de 200 millions de dollars. Ce sont des élus du Congrès, qui se sont chargés samedi de la sale besogne en bloquant cette aide. Une source parlementaire US n'a pas hésité à affirmer que ce blocage intervient après la demande d'adhésion d'un Etat de Palestine à l'ONU. En d'autres termes, c'est une mesure de représailles pure et simple. La même source a souligné que les élus américains, à l'origine de cette action pitoyable, ont décidé de geler cette aide en guise de protestation contre la demande d'adhésion d'un Etat palestinien aux Nations unies. “L'aide sera bloquée jusqu'à ce que cette question soit résolue”, a-t-elle ajouté, confirmant au passage une information publiée par le journal britannique The Indépendant. Le quotidien anglais estimait que cette décision va à l'encontre des souhaits de l'Administration du président Barack Obama et reflète la “colère du Congrès contre le président palestinien Mahmoud Abbas”. Décidément, les défenseurs d'Israël sont très nombreux aux Etats-Unis, notamment au sein des instances élues, où les places dépendent du soutien des lobbies israéliens à l'instar de la puissante AIPAC, qui constitue pratiquement un passage obligé pour les candidats aux fonctions électives américaines. Pour rappel, plusieurs élus avaient évoqué, après le dépôt par le président de l'Autorité palestinienne auprès de l'ONU d'une demande d'adhésion pour un Etat palestinien, la possibilité de revoir l'aide américaine aux Palestiniens et même la participation financière américaine aux Nations unies. Le président Obama a menacé d'utiliser le veto pour empêcher l'approbation de la demande à l'assemblée générale de l'ONU. Cette décision des membres du Congrès a été déplorée par l'Autorité palestinienne. Mohamed Ishteya, négociateur palestinien et membre du comité central du Fatah, a estimé qu'“il n'est pas raisonnable de négocier des positions politiques avec l'argent” suite à la demande des Palestiniens de reconnaissance d'un Etat palestinien à l'ONU. “Il est vraiment étonnant. Alors qu'Israël, l'occupant et l'agresseur, n'a pas stoppé le versement de revenus de taxe à l'Autorité palestinienne, pourquoi le Congrès américain va-t-il le faire”, a souligné le responsable palestinien, pour montrer que les élus US sont plus royalistes que le roi. Insistant sur le fait que les pressions américaines ne changeraient pas les positions des Palestiniens, Mohamed Ishteya a néanmoins reconnu que “cette décision mettra nos liens avec les Etats-Unis dans une situation embarrassante”. Il table toutefois sur un soutien des pays arabes et musulmans qui ont promis de venir en aide aux Palestiniens si les Etats-Unis coupaient leur aide aux Palestiniens.