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Dihya, une histoire qui s'éclipse
JOURNEES D'ETUDE SUR LA KAHINA
Publié dans Liberté le 03 - 10 - 2011

Les deux journées d'étude consacrées à la reine Dihya, organisées à l'initiative de la direction de la culture de Tizi Ouzou, l'association Si Moh U M'hand, en collaboration avec l'association culturelle et scientifique ACSK de Khenchela, ont été clôturées hier.
Ces deux journées d'étude furent une occasion de faire un éclairage sur la vie et le parcours de cette femme guerrière, symbole aussi de la résistance féminine. Hier, dernier jour des activités, Abdelhamid Kenouche, professeur chercheur à l'université de Annaba, a présenté sa communication portant sur un courrier fictif adressé à la reine. “Lettre écrite à Dihya…” est l'intitulé de sa conférence à travers laquelle, il a donné “un regard à la verticale, tourné vers le passé de la manière la plus simple et didactique. Une lettre remplie de tendresse et de considération pour une femme qui, contrairement à la reine Tinhinane, sauvée pas sa tribu, a connu une fin sanglante et violente”. Le conférencier déplore surtout que cette guerrière du massif des Aurès demeure oubliée des manuels scolaires et soit moins évoquée dans notre histoire et dans notre orgueil national. La deuxième conférence a été animée par le président de l'association ACSK de Khenchela, Tayeb Djellal qui n'est pas allé avec le dos de la cuillère pour affirmer que “la reine Dihya, nommée la Kahina, mérite bien une stèle à sa mémoire au même titre que l'Emir Abdelkader, au niveau de la capitale, Alger”. “La Dihya, c'est notre mère à tous, on se demande pourquoi aucun établissement scolaire et aucune rue ne porte le nom de cette héroïne nationale” enchaîna t-il. Le conférencier a réitéré également le souhait de l'association qu'il préside de faire du site archéologique de Baghaï, sur lequel avait été bâti le royaume de cette reine, un patrimoine international protégé par l'Unesco. “L'Unesco a les moyens matériels et scientifiques de faire de ce site un patrimoine mondial protégé, mais l'initiative d'entamer la procédure revient à nos responsables” dira t-il avant de rappeler qu'une convention existe pourtant entre cet organisme de protection du patrimoine mondial et l'Algérie.
Etonnamment, le site de Baghaï, réserve d'histoire à ciel ouvert, demeurant encore oublié! “Aucune fouille archéologique n'est faite pour reconquérir l'histoire enterrée de cette tribu et de la Dihya” a affirmé le conférencier pour qui l'histoire de cette “prêtresse ou devineresse”, longtemps accusée de sorcellerie, demeure vivante avec la grâce de ces montagnes des Aurès. Autrement, rien n'est fait pour sauver sa mémoire de l'oubli. “Dihya, tu es sauvée par tes montagnes”, dira Abdelhamid Kenouche, tout en rappelant, qu'en Algérie un problème de fouilles se pose. Car quelquefois, on se contente de fouilles positives, ce qui veut dire, déterrer les vestiges, les prendre en photos, puis les enterrer à nouveau afin d'éviter tout pillage.


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