À l'occasion du cinquantième anniversaire des évènements du 17 Octobre 1961, le village Aït Sidi Amar Oulhadj, à Bouzeguène, a organisé, samedi, une journée commémorative en hommage aux glorieux moudjahidine en l'occurrence Mohammedi Si Mohand Sadek dit “Maurice”, dit “Lunettes”, dit “André”, dit “Raymond”, principal coordinateur de l'ex-Fédération de France du FLN et organisateur des manifestations historiques du 17 Octobre 1961 à Paris et de Mme Idjri épouse Amoura, dite “Nénette”, combattante au sein de la Fédération de France, poseuse de bombes dans la région de Marseille. Après la visite de l'exposition, les moudjahidine, en présence de la sœur de Larbi Ben M'hidi, invitée d'honneur, se sont recueillis et ont déposé une gerbe de fleurs sur la tombe du colonel Mohand Oulhadj et sur celle du moudjahid Mohammedi Si Mohand Sadek. La foule s'est ensuite dirigée dans la grande salle des fêtes. Une conférence sur les évènements du 17 Octobre a été animée par Mohammed Ghafir dit “Moh Clichy”. Le compagnon de lutte du défunt s'est donné à cœur joie pour rappeler les faits. “Je tiens à vous dire que c'est à la fois avec fierté et douleur que nous nous rappelons tout ce que les Algériens ont enduré durant cette nuit de terreur. Notre histoire est malheureusement occultée, falsifiée et dénaturée. Je devrai être, aujourd'hui, à l'Assemblée nationale française pour donner des témoignages de cette triste date de l'histoire. Je devrai aussi assister à l'inauguration de la stèle, dédiée aux victimes des exactions perpétrées par la police de Maurice Papon, érigée dans la commune de Bagneux, mais je m'en suis excusé pour ne pas rater cet événement dans le village de mon chef”. Et Moh Clichy d'ajouter : “Le 17 Octobre est d'abord une réponse à la provocation de Maurice Papon qui a décidé d'instaurer un couvre-feu pour limiter nos activités. Il a mobilisé 7 000 policiers et 1 500 gendarmes pour contrecarrer toute manifestation. Si Mohand Sadek s'est rendu ensuite en Allemagne en tenue de mineur. Là, il a fait son rapport aux membres du comité fédéral et leur a demandé ce qu'ils ont à faire. Ils lui ont répondu : que proposez-vous ? La proposition d'une manifestation pacifique a été retenue et la nouvelle s'est propagée de bouche à oreille”. Parlant du massacre, Moh Clichy a eu les larmes aux yeux en évoquant cette lycéenne de 15 ans, Fatma Kedar, qui passait juste par-là et qui a été embarquée dans un bus de la police avant d'être retrouvée quelques jours après dans un canal près de la Seine. C'est au tour de l'époux de Mme Idjri Yamina dite Nénette qui se trouve en France de donner des nouvelles de la moudjahida. “Elle vous transmet à tous ses remerciements les plus sincères et s'excuse de ne pas être présente à cet événement en raison de sa santé. Nénette est une grande moudjahida. C'est elle qui a posé la bombe à la préfecture de Marseille. Elle a été arrêtée à Paris, torturée puis emprisonnée à la maison d'arrêt, la Petite-Roquette”. Durant la conférence, une lettre de Jean-Luc Einaudi, éminent historien français, adressée au comité de village d'Aït Sidi Amar, en souvenir du regretté Si Mohand Sadek, a été lue à l'assistance. À noter que diverses activités ont été programmées dans l'après-midi dont l'inauguration du centre culturel du village, projection d'une vidéo d'un entretien accordé à Jean-Luc Einaudi, projection d'une autre vidéo de l'historien Robert Bonnaud, condamné à mort pour soutien au FLN, lecture de témoignages de Georges Mattei, porteur de valises, publiés dans le journal Libération du 17 octobre 1980 et projection du film Nuit noire d'Alain Tasma. C. NATH OUKACI