Un hommage a été rendu à Mohammedi Si Mohand Sadek, principal coordinateur de la fédération de France du FLN et Mme Idjeri Yamina combattante au sein de la même fédération. Le village d'Aït Sidi Amar Oulhadj dans la commune de Bouzeguène a commémoré, samedi dernier, le 50e anniversaire des événements du 17 octobre 1961 à Paris. Cette journée est consacrée essentiellement aux deux glorieux moudjahiddine du village, le défunt Mohammedi Si Mohand Sadek, connu en France sous les pseudonyme de «Maurice», «Lunettes», «André» et «Raymond», principal coordinateur de la fédération de France du FLN et organisateur des manifestations du 17 octobre à Paris et la moudjahida Mme Idjeri Yamina, épouse Amoura, dite «Nénette», combattante au sein de la fédération de France du FLN et poseuse de bombes dans la région de Marseille. Les festivités ont démarré par le dépôt d'une gerbe de fleurs sur la tombe du colonel Mohand Oulhadj en présence de la sœur du chahid Larbi Ben Mhidi, invitée par le village. Tous les présents se sont ensuite recueillis sur la tombe du moudjahid Si Mohand Sadek, et déposé des gerbes de fleurs. Dans une salle limitrophe, une conférence-débat a été animée par Ghafir Mohamed, dit Moh Clichy. Ce dernier, a entamé sa prise de parole par une immense indignation : «Notre histoire est occultée, falsifiée, si bien que les nouvelles générations ont perdu tous les repères. Pourquoi cache-t-on les vérités au peuple ?», s'est-il interrogé. «Quand je sais que notre jeunesse ignore la date du 19 septembre 1958 qui a vu la création du GPRA, celle du 17 Octobre 1961 ou encore celle du 25 août 1958, première découverte du pétrole en Algérie. C'est grave ! La méconnaissance de ces dates par jeunes est inacceptable». Moh Clichy libère une galerie de secrets à l'opinion : «De nombreux responsables français donnent beaucoup plus d'importance aux événements du 17 octobre 1961 que ne le font les Algériens eux-mêmes. Je suis outré quand de l'autre côté de la Méditerranée, des responsables politiques français font le forcing pour révéler toute l'histoire de la France coloniale à leur jeunesse, invitant même les gouvernants à reconnaitre les massacres de la France coloniale et demander le pardon. On minimise beaucoup trop le rôle de l'émigration algérienne qui est partie prenante de la lutte de libération nationale. Quand De Gaule parle d'Algérie française, nous on parle de France algérienne en transférant la révolution intérieure vers le pays du colonisateur.» Parlant du 17 octobre 1961, Moh Clichy révèle que : «cette date est une réponse à une provocation, celle de l'instauration du couvre-feu aux algériens. Maurice Papon a instruit la police d'une formule mathématique : Pour un français tué, il faut éliminer dix algériens. Et pour cela, il a mobilisé 7000 policiers et 1500 gendarmes pour contrer toute manifestation», a dit en substance Moh Clichy. La parole est donnée ensuite à l'époux de la moudjahida, Yamina Idjeri, âgée de 72 ans, vivant en France. «C'est une femme qui a rejoint le FLN en 1956. Elle est vite passée en action en se spécialisant dans la pose des bombes dans les édifices officiels français. Elle est l'auteur de la pose de la bombe à la préfecture de Marseille. Elle a été arrêtée à Paris puis emprisonnée. Libérée, elle passe en Allemagne puis en Suisse où elle a poursuivi des études pour devenir sage femme». D'autres activités se sont poursuivies dans l'après midi dont des projections vidéos sur les témoignages de Jean Luc Einaudi (historien), Robert Bonnaud (condamné à mort pour soutien au FLN), Georges Mattei (porteur de valises), et la projection du film d'Alain Tasma «Nuit noire du 17 octobre 1961».