Poursuivant le cycle des hommages aux grands maîtres de la musique andalouse des trois écoles de Tlemcen, Alger et Constantine dans le cadre de la manifestation “Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011”, le ministère de la Culture, à travers son département patrimoine immatériel et chorégraphie, a honoré mardi passé, à titre posthume, deux personnages ayant marqué d'un sceau indélébile l'histoire de la musique classique algérienne, en l'occurrence Mustapha et Khair-Eddine Aboura. La causerie sur la vie et l'œuvre de ces deux musiciens émérites organisée en marge de l'exposition “Nouba” s'est déroulée à la maison de la culture Abdelkader-Alloula en présence notamment de Zahia Bencheikh, chef du département patrimoine immatériel et chorégraphie, représentant Khalida Toumi, Taha Aboura, fils de Khaïr-Eddine, lui-même ancien musicien qui excellait dans le “rbeb” lorsqu'il faisait partie de l'orchestre Gharnata, et Beghdadi Nars-Eddine, directeur des archives de la radio nationale, musicologue et chercheur dans le domaine du patrimoine. Les manuscrits, livres, partitions et bandes sonores de Khaïr-Eddine Aboura ont été présentés au public par Fayçal Benkalfat, éditeur et spécialiste-chercheur en musique classique. Mustapha Aboura (1875-1935) brillant lycéen à son époque. Diplômé de l'Ecole normale de Bouzaréah, il était professeur de musique connu pour avoir fait une expérience de notation musicale du genre “gharnati”. Il fait la connaissance du grand musicien cheikh Boudalfa qui tombe gravement malade. Il entreprend alors la transcription de son répertoire dans le but de le sauvegarder. Il est par ailleurs à l'origine d'une étude sur la musique marocaine reprise par Alexis Chottin, et d'une étude sur la musique algérienne en collaboration avec Jules Rouannet. Il a laissé plus de 300 partitions sur la musique andalouse à Tlemcen. Son fils Khaïr-Eddine (1908-1977), professeur de l'association Gharnata de Tlemcen et membre de celle de la SLAM a consacré “une vie de dévouement au patrimoine dans la tradition d'échange entre l'Orient et l'Occident musulmans, sous l'ombre tutélaire des maîtres soufis inspirateurs des pratiques confrériques tlemcéniennes”. C'est son père qui lui prodigue dès son jeune âge l'essentiel de sa formation musicale. Après une étape en Syrie, il retourne à Tlemcen, et travaille à la radio. Avec Cheikh Larbi Bensari, il entame un travail d'enregistrement du patrimoine musical andalou et hawzi. En 1966 il prend la tête de l'orchestre de la société Gharnata puis s'engage par la suite dans un long travail de recherche en musique andalouse en collaboration avec l'Institut national de musique. B. ABDELMADJID