Abdelmadjid Menasra a lancé un appel aux forces convaincues par la nécessité d'un changement pour “une coordination et un regroupement”. L'ancien ministre, Abdelmadjid Menasra, fondateur du Front pour le changement national (FCN), aile dissidente du MSP, parti en instance d'agrément, a appelé hier le président de la République à “limoger l'actuel gouvernement” et à désigner une nouvelle équipe, seule à même de garantir, à ses yeux, la “transparence et la crédibilité” des prochaines élections législatives. “Il faut une nouvelle équipe dont les membres ne doivent pas être candidats pour préparer les prochaines élections, selon les normes internationales”, a-t-il affirmé lors d'une conférence de presse animée hier à Alger. Cet appel figure parmi les dix points contenus dans une initiative dénommée “Le million pour des réformes populaires”, destinée à recueillir un million de signatures pour “démontrer que le peuple est las des réformes de l'actuelle majorité” et “qu'il veut de véritables réformes et escompte un changement dans le cadre de l'unité nationale, sans ingérence étrangère, par des voies pacifiques et démocratiques”. Sous le titre : “Le million pour les réformes populaires, le peuple veut…”, mais sans le fameux slogan, célèbre, consacré par les révolutions tunisienne et égyptienne, “le peuple veut la chute du régime”, l'initiative plaide également pour “une révision profonde de la Constitution”, “le lancement de programmes économiques”, “l'ouverture de l'espace médiatique”, “l'élargissement des libertés politiques”, “l'octroi d'agréments aux nouveaux partis”, “l'urgence du lancement d'un programme social”, “le dépassement de l'échec de l'Alliance présidentielle et l'élimination de la pensée uniciste” et la “lutte contre la corruption”. Autre initiative : Abdelmadjid Menasra a lancé un appel aux forces convaincues par la nécessité d'un véritable changement pour “une coordination et un regroupement”. “On est prêt à répondre à quelque partie que ce soit, loin de l'égoïsme. Mais on ne va pas s'allier avec l'alliance actuelle ou avec ceux qui sont à sa périphérie”. En décodé : Menasra ne fera pas cause commune avec son ancien parti, le MSP, complice des réformes actuelles et de l'échec. Encore moins avec le FLN qu'il accuse de “vouloir reconduire le même paysage politique”, ni le RND coupable “d'un discours de violence à l'égard des islamistes” et auquel il demande, comme pour certaines autres parties, “d'abandonner leur discours, acceptent les règles du jeu et abandonnent les masques sous lesquels ils agissent”. Une Alliance présidentielle dont les partis la composant ne sortiront pas renforcés lors des prochaines élections “ni par le dopage, ni par le maquillage.” “Ils enfonceront davantage le pays dans la crise”, dit-il. Menasra est convaincu que si les instruments et les mécanismes d'une élection transparente, selon les normes internationales, sont mis en place, “le peuple votera contre la majorité actuelle”. Comme pour la commission de surveillance, “dépourvue de prérogatives”, selon lui, l'ex-ministre n'est pas convaincu des projets de loi de réformes adoptés. “Ce ne sont pas des réformes, ce sont des reformulations de lois existantes déjà. Le jeu politique est fermé et les harcèlements persistent.” “C'est la montagne qui a accouché d'une souris. Le pouvoir a raté une opportunité”, a-t-il déploré. Il met toutefois en garde : “L'Algérie n'est pas une exception. Si on ferme la porte à un changement pacifique, la rue l'imposera par la violence.” Interrogé pour savoir si son parti allait participer aux élections au cas où les conditions ne seraient pas réunies, l'ex-ministre estime que “dans ce cas de figure, le peuple s'abstiendra.” “On verra ce qu'il conviendra de faire au moment opportun.” Sur la date du congrès constitutif du parti, il rappelle qu'il est “lié à l'obtention de l'agrément”. Quant à ceux qui stigmatisent d'ores et déjà la mouvance islamiste, brandie comme une menace, Abdelmadjid Menasra estime “qu'ils n'ont pas tiré les leçons”. Karim Kebir