L'initiative du président français à faire voter une proposition de loi pénalisant la négation du génocide arménien obéit peut-être à des buts électoralistes dans une France en récession à deux doigts de perdre la fameuse médaille des trois a et, surtout, à une encablure d'élections vitales où le verdict se jouera sur un mouchoir de poche et où toutes les niches pouvant grappiller quelques voix sont les bienvenues, dont celles des Arméniens. Mais, le retour du boomerang est tel que les relations entre la Turquie et la France se sont détériorées, plus que le niveau calculé par les conseillers de l'Elysée. La Turquie d'hier, à qui on fermait la porte de l'Europe, est devenue un acteur actif dans la région sur le plan politique, mais aussi une économie à la croissance (9,6%) à faire porter le bonnet d'âne à Sarkozy, malgré le forcing qu'il s'impose au sein de la zone euro. Pour mieux pimenter le plat où le président français a mis les pieds, malgré les réserves de plusieurs personnalités et de son propre ministre des Affaires étrangères, le Premier ministre turc, Erdogan, rappelle à ce pays son histoire coloniale et les massacres à grande échelle perpétrés contre le peuple algérien de 1945 à 1962. Selon lui, 15% de la population algérienne a été victime d'un génocide dont la France, malgré les multiples demandes émanant des anciens moudjahidine et d'associations, refuse de faire repentance et présenter des excuses. Cette sortie du Premier ministre venant au secours de la mémoire nationale qui demeure une exigence historique sera-t-elle saisie au vol par le pouvoir algérien ? Pour le moment, il n'y a aucune réaction officielle qui permettrait de remettre le dossier sur la table, d'autant que les festivités du cinquantenaire de l'Indépendance commenceront dans quelques jours. Ce sera l'occasion pour une halte et regarder derrière nous défiler les réussites, les échecs et les compromissions de tous ceux qui nous ont gouvernés de 1962 à ce jour, pour la mémoire des victimes du génocide algérien. O. A. [email protected]